Avant-première – Magon dévoile In The Blue, son nouvel album

Album / Howlin Banana / 03.12.2021
Slacker rock

Après Out In the Dark en 2019 et le plus intime Hour After Hour en ce début d’année, Magon prend aujourd’hui son essor avec In The Blue. Sur ce nouvel album, le compositeur et frontman de Tel-Aviv espace son influence noise, arty/lo-fi du Velvet ou des Pixies, pour aboutir à quelque chose de pur : le plafond du garage s’est ouvert sur un ciel d’arrière-saison, doux et reposant. Les sonorités revêches, les rythmiques anguleuses auxquelles il nous avait habitué sont donc quasiment occultées, et si les compositions demeurent urgentes, l’orchestration – dépouillée, concise et élégante – n’aura jamais mieux illustré le fameux adage du ‘less is more’ au sein de sa discographie.

Tout en resserrant ses arrangements, le songwriter approfondit son rapport à la texture : il n’a parfois besoin que d’une note plaintive de bottle-neck (Inside Your Head) pour humidifier ses refrains, d’un simple bend de guitare (Forever, 1,000 Years ) pour teindre de nuit ses mélodies solaires. C’est dans cette évidence mélodique que l’album plane véritablement de ses ailes de cool kid sur des horizons pop. La basse, mise en avant sur ce troisième opus (Egyptian Music, ou le titre éponyme), est chaude, granuleuse, toujours un peu slacker : elle aussi donne le ton. Il est fort probable de tomber sur un CD de Pavement ou des Modern Lovers si l’on ouvre la boite à gants de cette voiture qui nous emmène au bord de mer (Winter halo / Covers the willow / He asked me to follow / Him to the seashore : The Willow).

Plus lent, plus lumineux que ses prédécesseurs, In The Blue s’impose sous le signe de la quiétude. Une atmosphère tiède comme un début d’hiver coule nonchalamment le long de ces dix morceaux que porte une voix définitivement assumée, confiante, et charismatique : on songe au Lou Reed décontracté, assagi, toujours un brin impertinent de Coney Island Baby. Certains pourront reprocher à cette indolence une forme de mollesse, ou voir en elle des patterns à présent bien ancrés : Magon et son band n’en démontrent pas moins qu’ils ont plus d’une corde à leur arc, et qu’ils évoluent pour le mieux.