Darius – ‘Murmuration’

Darius – ‘Murmuration’

Album / Humus / 03.05.2024
Post hardcore noise

La Suisse ne cesse de se découvrir des montagnes. Il suffit de rembobiner l’histoire de sa scène rock pour trouver d’innombrables créations rendues infranchissables dès lors que basse, guitares et batterie s’y sont unies et accordées. Coilguns, Shovel, Houston Swing Engine, Peter Kernel, Ventura, Cortez, Iscariote, Knut sont autant d’exemples de l’incroyable richesse du pays en la matière et Darius, du haut de ses dix ans d’existence, vient à son tour enfoncer le clou avec Murmuration, un troisième album (cinquième si on compte les deux lives sorti en 2018 et 2023) on ne peut plus représentatif de sa force décuplée au fil de sa discographie.

Parce que c’est bien de cela dont il s’agit avec le quintet de Bulle. Depuis ses débuts avec Grain en 2015, point de démonstration technique à n’en plus finir, qui ne ravirait de toute façon que les musiciens aguerris et qui, sur la longueur, s’avèrerait indigeste pour tous les autres. Professeurs de musique et geeks des partitions, passez donc votre chemin et laissez la place aux âmes sensibles, réceptives aux émotions fortes, celles que le groupe travaille sans relâche depuis ses débuts pour enfin parvenir aujourd’hui à les rendre plus que jamais palpables. Il fallait seulement un peu de patience. Attendre que l’inspiration soit à son apogée, puis qu’elle soit remise aux doigts de fée d’un producteur capable de la sublimer au possible.

À un cheveu d’y parvenir il y a quatre ans avec Voir, déjà produit par Amaury Sauvé (Birds In Row, It It Anita, W!zard…), Darius a fait preuve d’obstination en répétant une formule qui – c’était écrit – devait finir un jour par faire des étincelles. Et il a bien fait tant Murmuration vient poser avec fracas la cerise sur un gâteau qui pour autant tient bon. Toujours bien campé au carrefour du post hardcore, du noise rock et du post rock – un doux mélange auquel l’étiquette post métal pourrait tout autant convenir, le groupe suisse aligne ici six titres qui coulent de source tant ils sont déroulés avec évidence. Fidèles à leur registre entièrement instrumental et à leurs trois solides guitares au front, les cinq y font la part belle à l’intensité. En atteste l’imperturbable Norbert, sans conteste la perle de ce disque. Boulonnés à une solide section basse-batterie généreuse en changements de rythme, ils empilent les couchent, les riffs, les accords, comme des mélodies brouillées (Fritto Misto, Ail Huile, Bilzibute) qui peuvent tous maintenant compter sur une occupation inédite de l’espace, spécificité dont le producteur lavallois s’est fait maître.

La coupe est pleine, n’en jetez plus ! Dès lors, plus besoin pour le quintet de se rabattre sur des moments de silence pour servir le relief de sa nouvelle oeuvre. Murmuration joue, lui, parfaitement la carte de l’accumulation (Nuée). Toujours plus fort, toujours plus haut, toujours plus grand : pas de doute, l’intention de Darius était bel et bien de nous pousser dans l’oeil du cyclone, qu’on y plonge en apnée puis qu’on se laisse porter par ses bourrasques successives sans forcément qu’on sache ce que nous réserve l’atterrissage. Peu importe finalement, car si l’on en croit les grands vertiges procurés par ce nouvel album, l’important ici est bien la chute, aussi belle et enivrante qu’elle soit.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Ail Huile, Norbert, Bilzibuthe


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