Canela Party, le secret le mieux gardé d’Espagne

Canela Party, le secret le mieux gardé d’Espagne

Tous, tous, tous à Torremolinos ! Tel est le refrain que nous avons gardé en tête durant les jours qui ont suivi notre fabuleux week-end à la Canela Party ! Quelques jours après La Route du Rock – qui nous fera d’ailleurs manquer le premier soir où se produisaient Jonathan Bree, Panda Bear & Sonic Boom – c’est sans vraiment prendre le temps de souffler qu’on prend la direction de Malaga pour trois jours de ‘fiesta’ : ni plus ni moins que le mot d’ordre de ce festival qui ne manque d’ailleurs pas de le rappeler à la moindre occasion.

Jeudi 24 août, on débarque donc pour une première soirée en compagnie de Dry Cleaning, Squid, et Black Midi. Mais c’est surtout Shame (photo ci-dessous), particulièrement en forme, qui était attendu de pied ferme par un large public dont une frange nostalgique des années 90 guettait, elle, particulièrement Karate et son emo-slowcore de retour sur scène après une très longue absence. À peine remis du séjour à Saint Malo qu’on se plonge dans l’ambiance espagnole. L’assistance n’est pas là pour enfiler des perles, l’ambiance monte très vite, ça rigole, chante et danse sous un soleil radieux. Les concerts s’enchaînent sur les deux scènes, ponctués de passages au bar et d’une remise à niveau de notre espagnol au contact des festivaliers.

On est à Malaga, en Andalousie, un endroit qui rime avec Monoi, plage brûlante, et cocktails sifflés affalés sur un transat. Parfait pour se remettre d’une première soirée et profiter de sa journée avant de retourner sur les lieux dès 18h. Là, Las Ligas Menores, Sorry et Porridge Radio lancent les hostilités du jour, suivis des toujours aussi classes The Notwist, puis de Snail Mail. Mais l’événement de ce 25 août, c’est évidemment la venue de Osees après neuf ans d’absence dans la péninsule ibérique. Au volant du bulldozer, John Dwyer assiste à l’accueil que lui réserve le public espagnol : ça pousse, les barrières sont à deux doigts de céder (photo ci-dessous), rafistolées de justesse par l’équipe technique et la sécurité. Une performance dont il a fallu se remettre, et qui a condamné la prestation de Nick Waterhouse à une lointaine musique d’ambiance.

Samedi 26 août, c’est barbecue de poisson sous 35 degrés, baignade, et voir arriver des nuages pas forcément mal venus étant donné la chaleur qui règne. Le programme de la Canela Party est une nouvelle fois particulièrement alléchant et, comme le veut la tradition (le festival est né il y a 15 ans pour une soirée costumée), c’est déguisement obligatoire pour un public qui ne déroge pas à la règle. L’ambiance monte d’un cran, tout le monde joue le jeu et déborde d’imagination, y compris les musiciens. La Paloma et Mujeres se passent d’abord le relais, puis la nature fait sa démonstration de force : sur le site, les confettis balancés à chaque concert virevoltent en tornades, le vent chaud souffle de plus en plus fort et offre la sensation assez désagréable de se retrouver sur une grille d’aération du métro parisien. Les systèmes son et énormes écrans LED se balançant non sans risque, l’organisation décide de tout stopper et d’évacuer le public. Les mines de l’équipe de production sont tendues mais Javier, photographe du festival l’assure : ça va reprendre ! Le bougre avait raison : trois heures plus tard, et loin d’être refroidi, le public est de retour pour King Gizzard & The Lizard Wizard (photo ci-dessous) et une enfilade de tubes énervés alors qu’on commençait à envisager la fin de soirée dans un club de flamenco.

Certes, le vent a jeté un froid sur cette édition 2023, mais impossible de repartir de Malaga sans cette certitude que la Canela Party est sans conteste aujourd’hui un des meilleurs festivals que l’Europe puisse compter. Loin des grands rassemblements sans saveur, l’événement andalou – à l’instar de La Route du Rock en France – ne lésine ni sur sa programmation sans compromis, ni sur l’ambiance festive qui contribue pleinement à son identité : tout ce qu’on attend de ce genre de rendez-vous bon esprit et à taille humaine où le fan de rock n’est pas réduit à son portefeuille, ou fête et bienveillance sont largement préférées au profit, où l’on communie avec son voisin plutôt que de le toiser. Et puisque le festival promet de ne jamais aller au-delà des 16 000 festivaliers conviés durant ces quatre jours, on y va également de notre promesse, celle de revenir, tous les ans si possible. Crack Cloud, Gilla Band, Metz et Protomartyr étant parmi les premiers noms annoncés pour l’édition 2024, on vous écrit actuellement dans la queue pour la billetterie.

Titouan Massé est sur Instagram

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