Föllakzoid – ‘V’

Föllakzoid – ‘V’

Album / Sacred Bones / 22.09.2023
Electro

Peut-on en faire trop à toujours vouloir faire moins ? Certains trouveront encore dans le virage électronique de Föllakzoid un medium propre à alimenter leur transe, mais globalement, on ne peut s’empêcher de penser qu’à force d’étirer ses motifs, le groupe finit par ne plus raconter grand-chose, et le cinquième album des chiliens se résume un peu à attendre sur un quai désert un train qui ne viendra pas. 

Fruit des contraintes d’éloignement et d’isolement, la méthode de création adoptée par le  groupe a changé pour ce nouvel opus : Domingae et ses copains ont chacun de leur côté échantillonné guitares, basse, batterie, synthés et chant avant de laisser le producteur Atom™ assembler toute cette matière. Il y avait des milliers de combinaisons possibles, de l’aveu des membres.

Extérieurement, d’ailleurs, tout paraît familier, prometteur : l’épure glaçante de la pochette, les quatre titres de plus de dix minutes… On s’apprête à écouter ce que le groupe fait de mieux depuis dix ans, des variations subtiles de nappes discrètement évolutives autour d’un motif rythmique lancinant à souhait. La promo annonce la couleur d’ailleurs, cet album raconte ‘l’histoire de l’électricité et du code que nous habitons – ou qui peuvent nous habiter, et peut être imaginée à travers des basses palpitantes, des rythmes trépidants, des mélodies tourbillonnantes et une allure inquiétante qui ressemble parfois à une véritable hypnose’.

Sauf qu’en guise d’hypnose, nous avons l’attente, infinie, d’une révélation, d’une secousse, d’une émotion. L’entame de chaque titre est une sorte de sommaire dans lequel sont exposés les sons qui seront incorporés progressivement dans les dix minutes suivantes. On peut être joueur et patient, et ainsi les attendre, les reconnaître, les cocher dans la liste… Le jeu aurait plus d’utilité si chacun de ces fragments s’inscrivait dans une progression, apportait des surprises, renversait la table, nous prenait à rebours, nous étreignait, dialoguait, finalement, avec la mélodie et le rythme… Mais non. Le groupe oublie juste ce détail, et étire sans variation ou presque des boucles tristement binaires. La linéarité abyssale de chaque titre en devient déconcertante..

On pouvait attendre de Föllakzoid, au regard de leur expérience singulière sur la scène psychédélique, plus de matière dans ce virage électro. Pas de trépidations, pas de palpitations, pas plus de tourbillon. La déception est d’autant plus grande que  l’album se résume à un affadissement de ce que l’on connaissait. Et nous laisse pour seule émotion que le sentiment d’un ennui persistant.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
V-II, V-IIII


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