Flamingods – ‘Head of Pomegranate’

Flamingods – ‘Head of Pomegranate’

Album / The Liquid Label / 13.10.2023
Psyché

Attention, le démentiel combo Anglais Flamingods mené par le charismatique Kamal Rasool est de retour ! Faisant suite aux précédents albums Majesty et notamment Levitation – lequel était truffé d’influences musicales turques, Space-funk et orientales (le titre Koray par exemple, en référence à Erkin du même nom, chantre du psyché Ottoman) – le groupe poursuit son envol vers les hauteurs les plus folles, les références d’ailleurs s’étirent au-delà même des frontières terrestres.

Flamingods se caractérisait déjà par un art du melting musical et culturel peu commun, avec ses volutes d’arpeggiator, ses harmonies célestes, ses fantaisies jamais foutraques. Ici, le quatuor s’octroie le luxe de vous projeter directement dans une dimension totalement jubilatoire, et vous pousse même à vous désarticuler à la manière d’un contorsionniste sur un dancefloor bigarré fait sur mesure. Les nombreuses facettes des Flamingods sont sujets parfois à une interprétation disproportionnée, ce n’est ni un artefact, ni le résultat d’une fusion assimilable à la World-Music. Le répertoire du groupe est le résultat de nombreux voyages, d’expressions idiomatiques et d’une furieuse envie de dissocier les catégories dans lesquelles nous avons coutume de vouloir tout classifier. Le titre de l’album n’a pas la signification supposée des mots qui le constitue. On peut faire le lien avec Sayat Nova (la couleur de la grenade) du cinéaste Sergei Parajanov, mais la métaphore va peut-être beaucoup plus loin ou s’arrêter là.

L’album déboule avec Dreams (On the Strip) et l’accroche est immédiate. Une version exaltée de Dennis And Lois que les Happy Mondays auraient pu exécuter avec la technologie d’aujourd’hui, sauf – et fait notoire – que l’interchangeabilité de chaque instrument se traduit sur scène par un étrange ballet où chaque musicien change de configuration. C’est une vision cynique du monde que délivre Gutterball, dont le saz imprégné de fuzz tourne autour de sonorités déformées; le refrain est un mantra, mais aussi une sorte de bubble-gum qui aurait perdu de sa saveur et qu’il faut finalement recracher. Dans son déroulé, le disque prend des incartades flegmatiques, à l’image de la pochette, invoquant une nonchalance nécessaire pour casser le rythme saccadé de nos vies en constante accélération. Prenez donc le temps pour contempler chaque sonorité, chaque forme se détacher pour se loger dans les oreilles.

Au delà du simple fait qu’il s’agit d’un album agréable à écouter, une myriade de petites trouvailles sonores rendent l’ensemble malléable, d’une élasticité ascensionnelle. A défaut de se répéter, Flamingods, avec Dirty Money et ses scintillements synthétiques orientaux, atteint des sommets comparables aux compositions de Hooveriii ou de King Gizzard. Un album lumineux pour entrer délicatement dans les vapeurs de l’automne.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Dreams (On The Strip), Dirty Money, Gutterball

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