Ty Segall – ‘Manipulator’

Ty Segall – ‘Manipulator’

Album / Drag City / 25.08.2014
Garage rock de haut vol

Ty Segall est un grand malade. A tout juste 27 ans, le Californien peut déjà se targuer d’une discographie à faire pâlir les auteurs les plus chevronnés. Depuis 2008, le bougre a commis la bagatelle de sept albums solo, auxquels il faut ajouter ses collaborations avec Mikal Cronin, White Fence et son implication dans d’autres groupes comme le Ty Segall Band, Fuzz, The Traditional Fools ou encore Epsilons! Inutile de préciser que les choses ne traînent d’ordinaire pas lorsque le blondinet entre en studio.

‘Manipulator’ fait pourtant exception à la règle: il aura fallu quatorze mois à Ty Segall pour mettre en boîte les dix-sept titres (oui, dix-sept!) qui composent ce nouvel opus. En format vinyle, cela donne donc un double album comme on en faisait dans les années héroïques du rock et, pour ne rien gâcher, l’ensemble est d’une qualité à toute épreuve! Après un ‘Sleeper‘ qui, l’année dernière, le voyait explorer le versant folk de ses influences, ‘Manipulator’ se présente comme un melting pot de ce qu’il a fait de mieux, un joyeux fourre-tout garage, psyché, punk et folk ayant pour trait d’union le son saturé des guitares. De tout un tas de guitares.

Dès le morceau éponyme qui ouvre le bal, elles s’amassent pour former un mur sonique tonitruant qui donne le ton de l’album à venir, diapason fuzz et bordélique extrêmement jouissif. Car les moments de grâce sont légion dans ce dense magma de musique west coast dont on ne s’extrait qu’à reculons. L’enchaînement ‘The Singer’ / ‘It’s Over’ / ‘Feel’ / ‘The Faker’ relève ainsi du pur génie, à tel point qu’on s’émerveille après six morceaux d’en avoir encore onze autres à écouter.

Habile faiseur de musique, Ty Segall démontre sa science folk sur le très beau ‘Don’t You Want To Know (Sue)’ qui commence telle une ballade bucolique avant de se muer en rock song californienne ensoleillée de guitares. La suite c’est un ‘The Crawler’ énervé et crade mené à cent à l’heure. Le contraste est saisissant, d’autant plus qu’il est exécuté de main de maître: le musicien excelle dans bien des domaines, et se permet toutes les excentricités. Même quelques cordes pour enrober ‘Stick Around’, ultime manipulation de nos oreilles envoûtées par tant de plaisirs rock. Dans ce final en apothéose où l’on pense volontiers à la maestria d’un autre californien – Beck – il y a aussi beaucoup de guitares. Tout un tas de guitares.

‘Manipulator’, ‘The Faker’, ‘Don’t You Want To Know (Sue)’, ‘Stick Around’


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