Oneohtrix Point Never – ‘Magic Oneohtrix Point Never’

Album / Warp / 30.10.2020
Pop expérimentale

A chaque disque son nouveau concept. Nous pourrions décrire ainsi la carrière de Daniel Lopatin, alias Oneohtrix Point Never, cet artiste américain qui demeure encore aujourd’hui une interrogation pour certains, et pour d’autres une figure de proue de l’avant garde électronique. Et 2020 ne sera pas en reste avec ce nouvel opus intitulé Magic Oneohtrix Point Never dont le titre s’inspire de Magic 106.7, une radio de Boston que le natif du Massachusetts écoutait plus jeune et dont il tire une grande partie de ses premières inspirations. C’est d’ailleurs ici le quasi speech de départ de cette nouvelle partition auditive que propose l’artiste : l’idée d’une mixtape radiophonique, celle que l’on met dans le radio cassette de sa bagnole et qui fait voyager.

Bien plus qu’un disque, Magic OPN est un trip dans le temps, dans les influences et les diverses dimensions qui composent l’imagination complexe de Daniel Lopatin, qui déstructure ici la pop sans aucune limites, comme pour mieux réinventer ou préparer le futur de sa musique. Avec l’aide d’autres artistes tels que The Weeknd, Arca ou encore Caroline Polacheck, Lopatin opère ici un virage risqué mais réussi, celui de combiner une certaine idée de l’avant garde à quelque chose de plus accessible et populaire. Et c’est donc là qu’interviennent les influences passées du musicien piochées dans ses souvenirs de jeunesse. Des influences radiophoniques composées de soft rock 90’s et de pop 80’s que OPN associe à l’art abstrait du sound design qu’il affectionne et maitrise tant. Entre nappes synthétiques (Wave Idea), déflagrations sonores (Shifting) et extraits vocaux de DJ agissant comme des interludes (les différents Cross Talk), l’album défile comme une aventure où l’auditeur se confondrait en personnage de jeu vidéo vintage perdu dans les méandres de niveaux qu’il faudrait finir les uns après les autres.

Outre les nombreuses pistes de sound design instrumental, Magic OPN éblouit par ses quelques titres pop aux allures intemporelles comme Long Road Home, I Don’t Love Me Anymore, No Nightmares ou encore Lost But Never Alone. Et c’est là tout le génie du disque. Difficile de lui donner une étiquette générale ou une réelle identité tant ce Magic OPN est un OVNI, un mélange entre la bande son cinématographique, l’exercice expérimental, et le souhait d’inscrire quelques titres pop et langoureux à souhaits. Moderne et vintage à la fois, ce nouvel album de Oneohtrix Point Never restera sans doute comme l’une des dernières perles de cette année ô combien particulière. Daniel Lopatin se remémore ici son passé et tout ce qui a pu le forger en tant que musicien, et vous l’offre sous la forme d’une mixtape qu’on ne saurait trop vous conseiller de garder précieusement telle une madeleine de Proust.