Andy Shauf – ‘The Party’

Andy Shauf – ‘The Party’

Album / Anti / 19.05.2016
Folk orchestral

On a snobé Andy Shauf. En 2009, quand le jeune canadien a fait son apparition sur nos platines via Hopeless Records, bien connu des amateurs de punk mélodique, on reconnaissait un vrai talent de chanteur et de guitariste, mais aucune originalité laissant envisager que le vent allait tourner six ans plus tard quand, à la sortie de ‘The Bearer Of Bad News’, il s’entourait de musiciens et laissait entrevoir – au-delà de ses acquis – un véritable talent de songwriting. Entré par la petite porte dans la cour parsemée des Kevin Morby, Chris Cohen ou Jacco Gardner, il en devient aujourd’hui un des personnages principaux avec ‘The Party’, un nouvel album ou l’intime se fond dans le sublime.

Désormais épaulé par Anti Records, label qui met comme un point d’orgue à défendre des artistes à la maturité bel et bien acquise, Andy Shauf compose manifestement au rythme de son pouls de petites perles pop folk sans cesse portée par une quiétude et une délicatesse sans égal (‘Early To The Party’, ‘To You’). Et, à en croire les simili sursauts qui ponctuent le disque (‘Quite Like You’, ‘Eyes Of Them All’), autant dire que le multi-instrumentiste n’était pas du genre tendu ni stressé au moment de mettre en forme, d’orchestrer, et d’interpréter lui-même ses idées.

Portés par des arrangements de cordes, de clarinettes, et de synthés en apesanteur, piano, guitares, et caresses rythmiques déroulent le long de ces dix titres un tapis épais et confortable à sa voix douce et céleste qui, de son observatoire et à travers quelques personnages fictifs, nous conte une fête avec tous les profils que l’on peut y croiser : du mec qui meurt d’une crise cardiaque alors qu’il jurait d’arrêter de fumer, à une demoiselle sans complexe dansant seule avec tous les yeux rivés sur elle, en passant par une poignée de situations aussi drôles que dramatiques.

Plus à sa place donc dans l’ambiance d’une after que celle d’une ‘party’ à proprement parler, la mélancolie qui baigne cet album de bout en bout fait un bien fou (‘The Worst In You’, ‘Alexander All Alone’). Dans un rare équilibre entre richesse et légèreté, parfois seulement le temps d’un accord ou d’un souffle, Andy Shauf fait immédiatement disparaître les derniers résidus d’alcool, tandis que la lumière projetée par chacun de ses morceaux ravive les esprits encore enfumés plus qu’elle ne laisse poindre la migraine des lendemains difficiles.

Bien aidé par une production qui finit de le rendre confortable et apaisant, l’album n’omet rien. Toujours dans la juste mesure, attentif au dynamisme de son ensemble, ‘The Party’ incarne l’explosion totale et définitive d’un songwriter qui, sous sa longue chevelure hippie et derrière sa discrétion apparente, cache manifestement encore quelques secrets de beauté musicale dont on a plus que hâte de se délecter. On a snobé Andy Shauf, ça nous apprendra.

‘The Magician’, ‘Early To The Party’, ‘Quite Like You’, ‘The Worst In You’, ‘To You’, ‘Alexander All Alone’


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