John Matthias – “Stories From The Watercooler”

John Matthias – “Stories From The Watercooler”

Stories From The Watercooler[Album]
09/06/2008
(Counter/Pias)

Doucement mais sûrement, Counter Records avance. Après avoir servi sur un plateau The Death Set et surtout Pop Levi et The Heavy, la division rock de Ninja Tune lance John Matthias, son tout nouveau poulain qui n’en est finalement pas un. Car si le bonhomme reste méconnu, et ne fait rien pour qu’il en soit autrement, beaucoup d’entre vous l’auront certainement déjà entendu, voire possèderont peut être dans leur discothèque un disque sur lequel il apparaît. Non, je ne parle pas de ces vieilles démos qu’il composait avec Thom Yorke au temps ou les deux ciraient ensemble les bancs de l’école, plutôt des notes de violon qu’il était venu poser sur “The Bends”, le premier album de Radiohead, ou de son intervention sur “Man In a Garage”, un des singles du dernier “Sound Mirrors” de Coldcut. À ce joli tableau, on pourrait aussi ajouter le premier opus de Matthew Herbert signé sur son label Accidental Records

Ce décor planté, il ne plane plus aucun doute sur la bouteille de John Matthias, et sur la certitude que son album solo regorge de temps forts, autant qu’il bénéficie d’une inspiration débordante. Un fait qui se vérifie tout au long de ce “Stories From The Watercooler”, qu’il s’agisse des textes et de la palette de thèmes abordés, ou de sa musique baignée dans un folk rock ou les guitares, acoustiques ou électriques, intègrent à leur ronde d’autres instruments à corde, à vent et percussion pour assurer une richesse d’instrumentation toujours bonne à prendre (“One Sunny Morning In The No-Fly Zone”, les doux “Open” et “Evermore”). Mais on vous l’accorde, rien jusque-là ne vient sauver ce disque d’une banalité que nombre de groupes et artistes anglais auront pris soin de surélever au fil des ans. C’est alors là que John Matthias abat d’un coup ses deux dernières cartes, celles de sa voix aussi prenante qu’impassible (“Viper’s Nest”, “I Will Disappear”), et de ces arrangements électroniques apportant les dernières finitions d’un album en tous points remarquable (“Police Car”). Pour cela, il se sert du travail de Coldcut, producteur du disque, mais aussi du sien au sein du centre interdisciplinaire de recherche sur la musique assistée par ordinateur de l’université de Plymouth, qui l’aura amené à mettre sur pied ce qu’il appelle “The Brain”, une forme d’intelligence artificielle utilisée pour programmer et créer des sons de batterie

Tant de moyens ne pouvaient donc que promettre à ce “Stories From The Watercooler” de se distinguer de la masse de ces disques folk qui ne cessent de pleuvoir depuis l’ère Dylan jusqu’au regain qu’il connaît aujourd’hui. Un coup de maître auquel il ne serait pas parvenu s’il n’avait pas doté chacune de ses compositions, y compris les plus rock “Blind Lead The Blind” et “Spinnaker”, d’une intelligence et d’une puissance émotionnelle telle (“Stockwell Road”, “Stocktaking”, le brillant “King Of a Small Town”) qu’il pourrait bien être amené à se dévoiler un peu plus. Car, à cela, John Matthias ne pourra jamais rien y faire: les gens aiment en savoir toujours plus sur ceux qui les font rêver, et regretter de s’être réveillés.

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