Holy Fuck – ‘Congrats’

Holy Fuck – ‘Congrats’

Album / Innovative Leisure / 27.05.2016
Apocalypsonica

On ne les attendait plus, pourtant les membres de Holy Fuck sont bel et bien de retour cette année pour mettre fin à six ans de silence. Le quatuor canadien – dont personne n’a jamais réellement réussi à définir le style musical fait de shoegaze, de post-rock, de disco-funk, de math-rock… – revient avec ‘Congrats’, un album explosif, sombre et intensément jouissif. Des qualificatifs qui ont toujours fait sa réputation, aussi bien discographique que scénique.

Il y a une dizaine d’années, le groupe avait fortement marqué les esprits en dépoussiérant inconsciemment la scène dite ‘dance-rock’, à l’instar de The Rapture ou encore de LCD Soundsystem qui lui avaient déjà emboîté le pas. Mais si les deux précédents disques – ‘LP’ (2007) et le plus pop ‘Latin‘ (2010) – continuaient sur cette lancée, cette nouvelle mouture n’a pas pu s’empêcher de prendre en compte l’influence de formations plus contemporaines. Il est évident qu’en six ans, d’autres ont fait du chemin, et que Holy Fuck se devait de puiser dans de nouvelles inspirations, histoire de revenir avec du neuf. En résulte ce ‘Congrats’ et ses dix pistes aussi captivantes qu’apocalyptiques, signe que le groupe a réussi sa mutation tout en restant aussi efficace et passionnant qu’on l’a connu.

Moins coloré et mélodique que ‘Latin’, ce nouvel opus prend une dimension beaucoup plus sombre : une noirceur que l’on retrouve notamment chez des groupes comme Liars (‘Chimes Broken’), Girl Band (‘Tom Tom’) ou encore HEALTH (‘Caught Up’). Puis on va de surprise en surprise. L’intro de ‘House of Glass’ démarre aussi violemment que du Death Grips, avant de laisser place à un gimmick hip-hop façon Battles. L’arabisant ‘Sabbatics’ s’enchaine à merveille avec le mélancolique interlude ‘Shimmering’, alors que le lancinant ‘Shivering’ démarre comme une œuvre solo de Thom Yorke pour finir de manière hypnotique, pour ne pas dire épique.

Mais Holy Fuck n’en oublie pas pour autant son esprit ‘dancefloor’, et dégaine les géniaux ‘Xed Eyes’ et ‘Acidic’, deux tubes potentiellement contagieux sur lesquels on peut constater l’attention particulière portée à la production, certains membres du groupe ayant occupé cette pause de six ans à produire d’autres formations (Metz notamment). Seul bémol, le trop faible ‘Neon Dad’, probablement le morceau clin d’œil aux anciennes sonorités pop du groupe. C’est d’ailleurs la seule chose que l’on regrettera dans ce nouvel album : la présence d’un titre mélodiquement frappant et marquant, comme ont pu l’être ‘Lovely Allen’ ou encore ‘Stay Lit’ par le passé.

Au final, difficile de comparer ‘Congrats’ à ses prédécesseurs tant il s’en inspire peu et pose de nouveaux éléments sur la table. Ce que l’on peut dire en revanche, c’est que Holy Fuck est indéniablement un groupe qu’on ne peut plus ignorer. Ces six dernières années auront apporté réflexion et maturité aux canadiens qui fournissent là un disque plus que convaincant, une preuve de plus de l’étendue de leur talent. Espérons que nous n’ayons pas à attendre aussi longtemps pour découvrir le prochain.

‘Xed Eyes’, ‘Acidic’, ‘House of Glass’, ‘Shivering’


1 Commentaire
  • Li-An
    Posté à 11:22h, 28 août Répondre

    Très bon article qui m’a donné envie de creuser un peu plus le sujet et d’aller jeter un coup d’oreille aux groupes cités. Ce qui est le propre des bons articles.

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