Blakroc – “Blakroc”

Blakroc – “Blakroc”

blak180Album
(Coopérative Music)
30/11/2009
Hip hop au fer rouge

Devant la masse de disques prévisibles et formatés qui sortent chaque semaine des bureaux des gros labels américains, difficile de ne pas s’enthousiasmer sur le projet Blakroc qui, depuis qu’il est annoncé, excite au plus haut point les passionnés de hip hop. Quoi de plus normal quand on trouve au line up de cette fabuleuse et improbable dream team, quelques uns des plus grands Mc de la scène rap d’outre Atlantique, backés par les sulfureux Black Keys? Car c’est finalement d’eux que tout est parti: devenu le groupe de rock favori de Damon Dash, le boss de Roc A Fella Records a tenu à les rencontrer en personne, et en a profité pour les convaincre de rentrer en studio avec Jim Jones (The Diplomats). Un Mc en appelant d’autres, Mos Def – dont on connait l’affinité avec le rock – leur rendra visite pour “Ain’t Nothing Like You”, s’offrira “On The Vista” au passage, puis sera suivi d’une grosse poignée de confrères, histoire de pousser l’expérience jusqu’à onze jours de studio.

Il fallait donc un sacré carnet d’adresses et peser quelques millions de dollars (pour l’un), ou posséder un talent indéniable en matière de rythme, de groove, et de riffs blues rock (pour les autres), pour pouvoir rameuter au sein d’un même disque toutes ces têtes d’affiche de la musique urbaine. Y compris les morts, puisque même Ol’Dirty Bastard s’offre une brève résurrection via quelques bandes jusque là oubliées (“Coochie”), et rejoint ainsi ses potes RZA et Raekwon, à leur aise au milieu des Ludacris, Mos Def, Noe (Dipset), Jim Jones, Nicole Wray, Pharoahe Monch, Billy Danze (MOP), et Q-Tip.

Vite monté, Blakroc n’en est pas pour autant un projet bâclé. Loin de là. Car, à entendre les Black Keys servir la soupe aux Mcs avec des cuillères en argent, comme l’osmose totalement surprenante de naturel qui règne ici, on croirait écouter l’aboutissement de plusieurs années de travail et de collaborations. Pas très étonnant à y réfléchir puisque le duo puise pas mal de ses racines musicales dans la black music, et qu’à l’heure ou l’on vous parle, même si l’idée peut froisser, les rappeurs américains ont souvent fait preuve d’une plus grande ouverture musicale que leurs homologues étrangers. Ceux dont il est question ici tout du moins, qui ne fuient pas face à l’incandescence des riffs bluesy des Black Keys cette fois agrémentés d’une basse omniprésente (“Hope You’re Happy”, “Done Did It”), ou ne font pas grise mine devant ces titres cantonnés à l’instrumentation basique du rock (guitare, basse, synthé, batterie).

Bien cachés derrière une horrible pochette, tous – sans exception – s’intègrent parfaitement à la couleur Blakroc et tissent ainsi une cohérence qui amènera sans conteste les intégristes rock à écouter du hip hop. Et inversement. Forte d’un savoir faire collectif qui ne peut faire de doute, l’initiative répond plus à la définition d’une fusion des genres qu’à celle de fusion (tout court). Une petite nuance qui fait finalement toute la différence et qui assoit le projet parmi les moins attendus mais les plus réussis de l’année.

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1 Commentaire
  • Frederic
    Posté à 12:21h, 22 décembre Répondre

    Cet album est juste exceptionnel ! L’addiction est immediate !

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