Après que "Below The Belt" soit revenu mettre un peu de d'ordre et de dignité dans une discographie écorchée par un très passable "Never Too Loud" en 2008, le retour de Danko Jones n'est plus abordé avec autant de méfiance. Tant mieux puisque le groupe trouve certainement en ce "Rock & Roll Is Black & Blue" un de ses albums les plus réussis tant, le temps de trois gros quarts d'heure, il y parcoure avec beaucoup de cohérence les plus efficaces dérivés du rock qui ont fait son essence depuis son premier accord. Mais un autre élément intervient indéniablement dans la réussite de ce disque: l'arrivée d'un nouveau - et sixième - batteur
Réconciliés avec Last Days Of April grâce à "Gooey" qui, en 2010, venait rattraper un bien terne "Might As Well Live" paru trois ans auparavant, nous voilà replongés dans la pop des suédois, armés d'une épuisette pour choper au vol les tubes légers et délicats que Karl Larsson et sa bande auront bien voulu composer ici. Et si la plupart des titres volent encore trop haut pour qu'ils soient captés avec aisance et facilité, il faut avouer que ce printanier "79" tombe à pic tant il aligne les pop songs à la fois tranquilles, fraiches, lumineuses, et ensoleillées, aussi les chansons d'amour sans pour autant se noyer dans l'eau de rose.
À la sortie du surprenant et touche-à-tout "Good Things" il y a maintenant trois ans, on a bien cru perdre pour de bon le Looptroop des débuts, celui duquel on ne cessait de s'éloigner depuis l'excellent premier opus "Modern Day City Symphony". Toujours plus propre, chaque fois plus marqué par les affinités ragga/reggae de Promoe, perdu dans une multitude d'influences qui égratignaient la cohérence du disque, le combo suédois finissait peu à peu par donner raison à ses détracteurs l'ayant toujours plus ou moins considéré comme un groupe hip hop de seconde catégorie.
On avait presque oublié que le groupe existait encore tant il s'est fait discret depuis 2007, et la sortie d'un "Might As Well Live" qui soulignait pourtant une évolution bien réelle dans le registre de Last Days Of April. Plus indie pop que jamais, rappelant Nada Surf à tour de bras, le combo suédois fait donc son retour avec "Gooey", une nouvelle salve qui ne manquera pas elle aussi de mettre en évidence toute l'assurance gagnée par la bande de Karl Larsson.
On ne nous l'enlèvera pas de l'idée: avec "Never Too Loud", son dernier album, Danko Jones avançait en terrain marécageux, comme perdu entre la nécessité de conserver intacte son éthique et de s'adapter à une audience plus régulièrement revenue, croisée à force de chauffer les stades remplis par Guns n'Roses ou Motorhead. Deux ans plus tard, les canadiens sont revenus sur de bons rails