Une semaine dans le bendo – L’obligation d’innover

Une semaine dans le bendo – L’obligation d’innover

Le bendo, c’est le quartier, celui-là même où le hip-hop fait résonner ses paroles et ses flows depuis plus de trente ans. Mais, aujourd’hui, c’est la France entière qui vit au rythme de ses rappeurs. Alors, pour tous les amateurs de cette ‘sous-culture d’analphabètes’ chère à Eric Zemmour, on se mouille la nuque, on prend une grande respiration, et on plonge dans cette semaine agitée de rap français.

Après avoir chanté les refrains de Shay, le bendo se devait de replonger dans un rap plus brut. Tandis que nos voisins américains s’enjaillent sur les mélodies planantes et parfois saturées de Tyler, the Creator, nos artistes français se sont concentrés sur le fond, comme d’habitude. C’est ainsi que Davodka sort A Juste Titre, un projet qui fera frémir de plaisir les puristes. Mais le rappeur se heurte au manque de musicalité criant de son style, une tare qui n’est plus acceptable pour les auditeurs. D’autres l’ont bien compris, comme Nekfeu, qui, malgré une base technique incroyable, a su moderniser son flow et sa musique. C’est d’ailleurs ce qui a fait de lui l’une des têtes d’affiches du rap français. Ça tombe bien, le Parisien a annoncé cette semaine son troisième album ! Et pour compenser l’attente de ses fans, le ‘Fennek’ met les petits plats dans les grands…

Nekfeu va enfin sortir son album…. au cinéma

L’année 2019 aura vraiment été une cuvée pleine de grands noms pour le rap français. Après PNL, c’est au tour de Nekfeu de sortir de son silence. Le rappeur de L’Entourage, qui se sera fait attendre deux ans et demi depuis son dernier projet Cyborg, sortira son album le 7 juin prochain. Petite particularité cependant : le jeudi 6 juin à 20h, la plupart des cinémas Gaumont-Pathé de France diffuseront un film de 86 minutes, intitulé Les Etoiles Vagabondes. Ce n’est autre que le titre de l’album de Nekfeu, qui présentera donc son disque au cinéma (avec une petite surprise dans le trailer concernant une grosse collaboration en vue !). Réalisé par l’artiste et Syrine Boulanouar, notamment réalisateur des clips du groupe 1995 (qui compte Nekfeu dans ses rangs), on peut penser que ce film mettra en scène les musiques de l’album autour d’un scénario, à la manière du fabuleux My Beautiful Dark Twisted Fantasy de Kanye West. Prenez donc vos places – s’il en reste – pour écouter et regarder en avant-première l’un des artistes rap les plus attendus et talentueux de sa génération !

Davodka, vivre et mourir avec sa technique

Des convictions inébranlables valent-elles plus que le succès ? C’est sûrement ce que pense Davodka, rappeur technique du nord de Paris. Bercé par des rythmes exclusivement boom-bap et par les flows ‘à l’ancienne’ de l’artiste, A Juste Titre se démarque de la scène rap actuelle, à défaut d’être marquant. Si la technique de rimes est globalement maîtrisée et respectée par Davodka, la formule qu’il propose est toujours plus ou moins la même. D’autant que cette dernière s’étend sur 14 pistes, rendant les dernières d’entre elles difficiles à apprécier. Tout le contraire d’un Alpha Wann, qui a su enrober son flow sensationnel de sonorités plus actuelles sur l’inoubliable Une Main Lave l’Autre.

Davodka est en fait l’un des derniers ‘puristes’ du rap, reniant trap, drill, cloud et autres courants musicaux ayant diversifié le hip-hop ces dernières années. Mais, si une dose de boom-bap et de kickage n’est jamais superflue et toujours appréciable, force est de constater que les changements ayant bousculé les codes du rap dans la deuxième partie des années 2000 ont aussi modifié les goûts de ses auditeurs. Même les plus fervents défenseurs de rap à l’ancienne doivent bien reconnaître que le chant, les adlibs (bruits ou mots prononcés en arrière-plan) ou l’autotune, pour ne citer que quelques exemples, sont des évolutions qui ont amélioré la musicalité du rap. Sans elles, il est devenu compliqué pour un morceau d’être entraînant. Alors pour quatorze… S’il aurait été intéressant que le rappeur tente des choses originales, saluons tout de même la persévérance de Davodka, qui, sur le vieux navire de la rime, reste l’un des derniers capitaines.

Ateyaba fait le Job

Lui aussi fait partie de la caste des rappeurs suscitant le plus d’impatience. Alors que son dernier album date de 2014 et que son dernier EP, composé de cinq petits titres, a déjà quatre ans, l’ex-Joke a sorti Job, un morceau plutôt sombre. Au début de l’année, le Montpelliérain avait déjà convaincu sa fanbase qu’il était toujours chaud, en témoignent les succès critiques des titres Lgbiri et Metacultivation. Surmonté d’une grosse ligne de basse et d’une mélodie inquiétante, le morceau est musicalement profond mais vient traduire un mal-être suintant de l’artiste, ce qui explique peut-être son absence prolongée. Ateyaba n’en perd pas son flow et son charisme pour autant. Il ne manque maintenant qu’Ultraviolet, l’album tant attendu par les auditeurs et les observateurs, qui aimeraient une digne suite à son début de carrière fracassant.

Les clips de la semaine

2zer, membre de L’Entourage et du S-Crew, va sortir son album Décisions le 31 mai. En attendant, le rappeur a décidé de clipper deux singles. Le second, Galérer, réunit la crème des artistes du collectif : Alpha Wann, Nekfeu, Deen Burbigo, Jazzy Bazz…

Après Bonbon à la Menthe, Jok’Air nous délivre la vidéo de Las Vegas, l’un des titres les plus plébiscités de l’album Jok’Travolta. Tout cela à Sin City, bien sûr.

Après avoir sorti le son Ola, c’est Autre Verre que Lord Esperanza balance en vidéo, un clip soigné sur une chanson mélancolique.

Loveni, Myth Syzer et PH Trigano unissent leurs folies respectives pour livrer le clip de Verse la Gnôle. Comment produire un son super fly sans se prendre la tête.

Allez, on enlève les baskets, on remet ses boots et son cuir, et à la semaine prochaine dans le bendo !

Salade Tomates Oignons, la playlist rap français de Mowno, est à retrouver ici


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