16 Mar 22 Photos – Thurston Moore à la Belle Electrique, Grenoble
C’est par une forme d’ambiant drone chamanique grinçante mais jamais oppressante (Locomotive) que Thurston Moore – accompagné notamment de Deb Googe (My Bloody Valentine) à la guitare baryton – a débuté son concert à la Belle Electrique le dimanche 13 mars. Lentement mais surement, les deux étages de la salle grenobloise ont alors plongé dans un maelstrom sonore fait de longues plages hypnotiques entrecoupées de véritables moments de bravoure, emmenés par la frappe d’un Jem Doulton manifestement heureux d’officier au sein du Rock’n Roll Counsciouness Band.
Parmi ces nappes de bruits en fusion, et à un niveau sonore témoignant d’une époque où les limites légales d’exposition au bruit n’existaient pas encore, le public a pu apprécier la touchante conversation toute en harmoniques délicates entre Thurston Moore et son guitariste James Sedward, qui n’aurait pas sonné à l’identique si elle avait été jouée sur d’autres instruments que ces deux Fender Jazzmaster si iconiques du son Sonic Youth.
Devant une foule mêlant des quinquagénaires désireux de se replonger dans les 80s le temps d’un concert, et de jeunes amateurs venus puiser à une source créative toujours aussi pertinente, Thurston Moore parvint même à glisser avec une malice toute adolescente, et dans un set pourtant déjà classieux comprenant le fabuleux Hashish, un très inspiré Temptation Inside Your Heart du Velvet Underground. Probablement une manière pour lui de rappeler que, à 63 ans et tout aussi déterminant qu’il fut pour le rock post-90s, il n’est que l’humble représentant d’une forme de subversion sonore ayant débuté bien avant lui.
Reste qu’en cette période musicalement faste et où les propositions artistiques réellement audacieuses ont du mal à émerger, assister à un concert de Thurston Moore remet (gentiment) les pendules à l’heure.
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