Son Lux – « At War With Walls And Mazes »

Son Lux – « At War With Walls And Mazes »

At War With Walls And Mazes[Album]
10/03/2008
(Anticon/Differ Ant)

En Son Lux, Anticon a peut être trouvé l’artiste qui incarne le mieux sa nouvelle orientation musicale, celle qui ne se cantonne plus à un hip hop alternatif souvent sans surprise, et qui déborde désormais allègrement sur d’autres territoires. Elevé aux leçons de piano classique, Ryan Lott de son vrai nom, n’en aura pourtant pas gardé un souvenir impérissable, préférant de loin s’orienter vers la composition. Ainsi, durant toute son adolescence, il aura multiplié les expériences, en dance music comme en punk, tout en laissant son doigté de pianiste l’emmener jusqu’au jazz et la pop, pour finalement atterrir sérieusement dans le milieu de la danse ou il sera parvenu à s’imposer en tant que compositeur. Mais petit à petit, le besoin de travailler seul se fit sentir, et ce résident new yorkais commença à accumuler les samples, qu’il classait, tel un beatmaker, au bpm plutôt qu’à la note. Simultanément, c’est la pop qui s’imposait à lui, sans pourtant qu’il ne cède au schéma typique du couplet/refrain et des breaks faciles, et sur laquelle il poserait des textes qui finalement n’en seraient pas

C’est donc consciemment qu’il avait donné la trame de « At War With Walls And Mazes », un disque on ne peut plus abouti et réussi, bien qu’il ne semble pas être aussi défendu par le label que les références des autres artistes maison. Pourtant, en accouchant d’une musique à la fois chaleureuse, colorée, pesante, et finalement difficilement qualifiable, Son Lux montre qu’il possède plus d’une corde à son arc. Dont une, bien solide, celle d’une accessibilité constante, qui rend chacun des titres d’une beauté imparable, quel que soit leur degré de complexité. « Wither » et le sublime « Weapons » résument parfaitement tout cela en piochant à la fois dans l’electronica, le hip hop, et la pop, en s’acoquinant avec les mélodies vocales d’un Will Oldham, emmenées par un beat à la frappe chirurgicale, capable d’être aussi franc que vicieux. Mais tout le talent de Lott réside surtout dans cette multitude de détails (d’une rythmique inversée à des arrangements d’une incroyable finesse), peu flagrants quand on n’y prête pas l’oreille, mais qui font à la fois toute l’originalité et la richesse de ce disque. Ainsi, on va de surprise en surprise, toutes différentes mais indispensables à la cohésion générale. Pour les plus douces, « Betray » en appelle à Portishead, « Stand » aurait pu sortir du local des Notwist, tandis que « Tell » et le bouleversant « War » font preuve d’une intimité touchante. Jamais exagérément piquantes, quelques autres plus orchestrées et alambiquées (« Stay », « Raise » aux multiples rebondissements) ôtent tout doute quant à la superficialité de cet album qui, sans elles, aurait pu se révéler trop sucré, écoeurant sur la longueur

Avec ce premier disque passionné et flanqué d’une maturité époustouflante, Son Lux se démarque de ces producteurs autodidactes qui ont souvent besoin d’une bonne poignée d’albums pour atteindre l’apogée de leur talent. Lui, dés le début, place la barre très haut en parvenant d’ores et déjà à rendre le complexe d’une rare simplicité, ce qui ne manque pas de le sacrer compositeur de génie. « At War With Walls And Mazes » est une étrange, émouvante, et magnifique livraison qu’on prend immédiatement en affection, qui retournera les tripes et se laissera assurément découvrir au fur et à mesure du temps qu’on voudra bien lui consacrer. En ce qui nous concerne, jusqu’au prochain effort de ce jeune homme qui y travaille déjà. Un chef d’oeuvre d’utilité publique

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1 Commentaire
  • Maxime
    Posté à 19:37h, 21 février Répondre

    Pfff que dire? MAGISTRAL !

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