21 Juin 11 Wiley – « 100% Publishing »
Album
(Big Dada)
20/06/2011
Grime
Wiley ayant souvent été considéré comme le prince du grime, il est de notoriété publique qu’un beau jour celui-ci devienne roi. Après quatre ans d’absence chez Big Dada, cet artiste majeur de la scène anglaise dégoupille ainsi une nouvelle grenade: la septième, intitulée « 100% Publishing » à juste titre puisque 100% écrite, produite, chantée, enregistrée et revendiquée par notre serviteur. Longtemps actif sur les scènes drum’n bass et UK garage, Richard Kylea Crowie continue de dynamiser les codes du hip-hop tout au long d’un disque reflétant plus que jamais sa personnalité, très complexe selon la légende. Celui qui a connu un succès mainstream s’enterre désormais la tête dans le sable pour garder un oeil sur le son underground qui l’a révélé, tout en posant un pied dans le monde réel, et en ouvrant une brêche vers le grand public qui voudra bien l’entendre. Difficile à cerner, l’individu touche donc à tout sur cet opus aussi personnel que sa brosse à dents avec, en son centre, ce flux de paroles parfaitement huilé, ou sa manière de rapper et son accent british si particulier font la moitié du boulot, préservant le charme de ce flow reconnaissable au milieu d’une meute de MCs.
Wiley ouvre ainsi le rideau sur « Information », annonce que ce disque va envoyer du lourd, avant d’en faire ouvertement la pub sur le morceau-titre où la main voyage vigoureusement de haut en bas au rythme de cette bassline dodue et de ce beat flemmard. Avec une prétention propre au hip-hop et un humour incisif, il parle business sur le premier single « Numbers In Action », à l’instru étonnament minimal et 8-bit évadée s’une Super-Nes dévergondée. Le grime à l’état pur reprend alors le dessus sur « Boom Boom Da Na », se mélangeant à la musique d’un cirque qui préfère accueillir sous son chapiteau les mots bien étalonnés de Wiley plutôt qu’un clown blanc et des éléphants. Les titres, sans intro ou minutes superflues, sont courts et concentrent l’essentiel. Pourtant, quelques chansons surviennent comme des nids de poules, à l’image des bégaiements rythmiques de « I Just Woke Up », du romantique « Talk About Life » et son featuring vocal en guise de choeurs à deux doigts du boys band. Quant à lui, « To Be Continued » utilise dangereusement des éléments eurodance mais reste néanmoins efficace, avant que Wiley marche sur un fil en lorgnant intelligemment vers la pop avec le lumineux « Your Own Intuition » puis « Up There », dont l’ambiance tropicale fait à nouveau jaillir cette comparaison avec Dizzee Rascal qui lui colle décidemment à la peau.
« 100% Publishing » tourne donc définitivement le dos à la monotonie, et se bâtit au fil des morceaux une solide carapace qui l’emmènera incontestablement au sommet de la liste des meilleurs albums de l’année 2011. Grâce aussi, entre autres, à l »association du dubstep et du piano sur « Wise Man And His Words » qui laisse un agréable goût aigre-doux sur le palais, entretenu par la délicieuse chanson R’n B qu’est « Pink Lady », dont les vibrations sexy font dandiner la tête comme un chien de plage arrière. Enfin, le point d’orgue du disque restera sûrement « One Hit Wonder », ou chaque mot rentre dans la case qui lui est dédiée, et ou la bouche de Wiley, plus que jamais au croisement du MC et du dactylo, fait des merveilles dans un exercice impressionnant de dextérité. Et comme pour mieux ventiler l’aura de créativité qui l’entoure, le Britannique annonce déjà un huitième album dans le trimestre à venir…
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