26 Juin 11 Vast Aire – « OX 2010: A Street Odyssey »
Album
(Man Bites Dog)
31/05/2011
Hip hop
Pour beaucoup d’aficionados appréciant le hip hop dans ce qu’il a de plus marginal, « The Cold Vein« , premier album de Cannibal Ox, fait à coup sûr partie de ces disques-repères qui jonchent l’histoire du genre. Un classique qui sert d’ailleurs encore de caution à deux Mcs dont chaque fait et geste ne cesse d’être irrémédiablement ramené à cette époque. Alors que Vordul Mega a toutes les peines du monde à rendre ses offrandes indispensables, Vast Aire pourrait enfin toucher du doigt ce qu’il n’a fait qu’effleurer lors de ses deux premiers opus solo. En effet, avec la sortie de ce « OX 2010: A Street Odyssey » – un des deux albums pour lesquels il a rejoint le catalogue de Man Bites Dog Records – c’est avec une assurance nouvelle qu’il se lance à la reconquête de ses ardents défenseurs.
Ceux-là devront d’ailleurs prendre garde à la fausse route sur laquelle le Mc du Queens tente de les mettre en laissant l’entame de ce disque sous l’emprise d’influences classiques typiquement new yorkaises, qu’on retrouvera d’ailleurs éparpillées tout au long du tracklisting. Il offre alors plusieurs collaborations marquantes (avec Karniege pour ramener à la vie le projet Mighty Joseph le temps de « Almighty Jose », ou avec Capadonna sur « I Don’t Care »), comme quelques titres efficaces qui, bien qu’ils s’éloignent du concept affiché dès la pochette, ont le mérite de contrebalancer l’ambiance et émanciper cet album de son pesant aîné.
Car El-P a beau ne pas être aux manettes ici, l’ombre de « The Cold Vein » ne cesse de planer au-dessus de ce « OX 2010: A Street Odyssey ». À commencer par cette ambiance science-fiction qu’on sait chère à Vast Aire, et qui jaillit à coups de sonorités électroniques, de lourdes basses, de beats nonchalants, et de touches cinématographiques (« 2090 So Grimey », « Phenom », « The Cannon Of Samus », « The Verdict (feat Guilty Simpson) », « Battle Of The Planets »). Son duo avec Vordul Mega (l’excellent « Thor’s Hammer » épaulé par Raekwon) renforce encore le rapprochement, alors qu’une couleur de production rappelant la patte de El-P (« Nomad », « Dark Matter ») finit de tirer la corde facile de la nostalgie.
Celle que Cannibal Ox ne cesse de balancer au-dessus des têtes de ceux qui attendent impatiemment une reformation depuis longtemps annoncée. Mais après avoir longtemps mesuré le fossé qui le séparait de son expérience commune avec Vordul Mega et El-P, Vast Aire parvient enfin à le combler un peu pour signer là un des meilleurs albums de sa discographie post-« The Cold Vein ». Si cela n’a pas toujours été le cas, le new yorkais, dix ans après le légendaire album qui marquera à jamais sa vie, va enfin pouvoir voir son parcours solo considéré pour de bon. La preuve, ce « OX 2010: A Street Odyssey » restera comme un des disques marquants de 2011.
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