06 Mar 10 V/A – « Black Man’s Cry: The Inspiration Of Fela Kuti »
Album
(Now Again)
01/03/2010
Fela followers
Antibalas, Akoya Afrobeat Ensemble, The Souljazz Orchestra, Fanga, The Afrorockerz, autant de groupes américains, canadiens ou français qui doivent tous à Fela Kuti la musique qu’ils composent aujourd’hui. Mais au-delà de ces jeunes formations nées après la mort du roi de l’afrobeat en 1997, de nombreux groupes nigérians et internationaux ont été marqués par ce genre explosif, à la frontière entre le highlife ghanéen, le funk et le jazz, dès sa naissance dans les années 70. Un nouveau phénomène musical qui ne pouvait passer inaperçu au regard de la conjoncture politique dans laquelle il a émergé sous l’impulsion de Fela et de son groupe Africa 70: juste après la fin de la guerre civile du Biafra, le Nigéria reçoit le statut de membre de l’OPEC pour ses ressources de pétrole, synonyme de corruption généralisée de l’élite dirigeante, pendant que la misère se développe de façon exponentielle dans le pays. Dans ce contexte, Fela Kuti s’érige très vite en porte-parole du peuple et de ses souffrances et devient un personnage politique nigérian de premier plan. L’homme, autant que sa musique, déclenchent autour d’eux un phénomène d’une ampleur extraordinaire, qui s’exporte rapidement au-delà des frontières nationales. L’afrobeat devient ainsi l’un des mouvements musico-politiques les plus importants des années 70. « Black Man’s Cry: The Inspiration of Fela Kuti », nouvelle compilation sortie sur Now Again Records et distribuée par Stones Throw, a justement pour objectif de démontrer l’ampleur du phénomène, en mettant l’accent sur l’inspiration qu’a pu susciter Fela auprès de ses contemporains lancés dans la musique. Cette galette regorge ainsi de titres inédits qui transpirent les rythmes et l’héritage kutiens, composés par des artistes méconnus dans nos contrées. On voyage ainsi de découverte en découverte, du divin mélange entre rythmes Yoruba et sonorités latines de l’ensemble colombien Cumbia Moderna de Soledad, au groove africain contagieux de 6th Infantry Brigade of the Nigerian Army, en passant par la voix puissamment soulful de Bola Johnson ou le funk épicé des Daktaris de Brooklyn (groupe qui donna naissance à Antibalas). « Black Man’s Cry » est une compilation délectable du début à la fin, d’une richesse tellement grande qu’il est impossible de la restituer à l’écrit. Mêlant sons des seventies au délicieux grain de vinyl crépitant et productions plus récentes, cette galette, accompagnée d’un magnifique livret explicatif et illustré, rend un hommage à Fela valant tous les best-of, en prouvant à quel point son héritage a su rayonner et fleurir aux quatre coins du monde.
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