Trentemoller – ‘Lost’

Trentemoller – ‘Lost’

Album / In My Room / 23.09.2013
Electro

Malgré une reconnaissance acquise en quinze ans de carrière, le producteur n’a jamais plongé dans le racolage pour fidéliser son audience. Au contraire, son histoire s’est bâtie sur un son froid, clinique et fascinant. Ce n’est que très récemment – avec la sortie de ‘Into the Great Wide Yonder’ – qu’il délaissa les idiomes de la techno pour explorer les reliefs de la pop. Quitte à décevoir les puristes, le savoir-faire du Danois générait une osmose parfaite avec ces nouvelles textures. Voici qu’à l’aube de ses quarante ans, Trentemøller confirme son aisance dans ce nouvel environnement.

Avec le temps, le loup quitte sa solitude pour rejoindre une meute de voix brillantes. Il retrouve d’ailleurs Jana Hunter pour laquelle il avait remixé le ‘Brains’ de Lower Dens. La rencontre entre ces deux personnalités sombres surprit par son issue légère et euphorique. Cette fois, ils collaborent pour un ‘Gravity’ tout en progression romantique, très fidèle à l’univers du groupe de Baltimore. La romance est ici présente de toute part. De la voix céleste du duo Low à la libidineuse Kazu Makino, ‘Lost’ touche à la chair. Même Jonny Pierce des Drums trouve un écho salvateur dans les méandres du musicien.

Mais l’album ne se complaît pas dans l’unique assemblement de voix. Ses instrumentaux, souvent réussis, servent d’heureuses transitions. ‘Still On Fire’ évoque The Soft Moon et précède avec talent le beau ‘Candy Tongue’. Seul l’étrange ‘Constantinople’, bancale variation d’électronica sur fond de clavier sixties, met à mal la cohérence du disque. Hormis ce couac, ce troisième long-format de l’homme venu du froid est sans doute son meilleur. Sa richesse instrumentale et la profondeur de sa production résonnent en harmonie. En se rapprochant au plus près de l’humain, Trentemøller rompt définitivement avec la distanciation stérile. Plus accessible, pas moins cérébral, il livre dans un écrin ouaté l’une des plus belles sorties de l’année. Son titre est mensonger, l’homme est loin d’être perdu.

‘Gravity’, ‘Candy Tongue’, ‘Come Undone’


2 Commentaires
  • Romain
    Posté à 11:22h, 14 octobre Répondre

    Pas d’accord avec toi sur Constantinople que je ne trouve pas bancale mais plein d’urgence, ça me plait d’entendre trentemoller s’essayer à ça. Le clavier 60′ (un orgue hammond en l’occurrence) est plutôt bien placé.
    Ca ne colle pas au reste de l’album c’est vrai, mais j’aime beaucoup ce morceau pour ma part.

    D’accord avec toi pour le reste, un bon disque, qui facilitera peut être l’écoute de trentemoller à certaines oreilles sensibles, pour plus tard aller vers les trentemoller chronicles peut être??!!

    A bientôt.

  • Limma Recha
    Posté à 22:16h, 15 octobre Répondre

    “Constantinople” n’est effectivement pas en phase avec le reste, mais pour ma part c’est plutôt un passage sympa. Je retiens surtout “Morphine” qui est vraiment superbe, mais pour le reste on est bien loin du fabuleux “The last resort”, et même de l’album précédent qui contenait déjà quelques points faibles dont le sommet était l’insupportable “Tide”.
    Pour le tournant pop, je ne suis pas contre, mais je trouve ça fade et dans l’ensemble plutôt raté. Dans le genre je préfère son travail de producteur avec DARKNESS FALLS.

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