Total Victory – ‘National Service’

Total Victory – ‘National Service’

Album / Evening Economics – Bruisson – Katatak – Kerviniou – Tandori / 10.2014
Indie post punk

On vous l’accorde, on a deux ans de retard, mais des circonstances atténuantes aussi. En effet, en 2012, Total Victory autoproduisait ‘National Service’ en ne le rendant disponible qu’au format digital, faisant de lui un malheureux pixel coincé dans l’immense jungle du net. Il a donc fallu attendre qu’une poignée de labels s’attèlent cette année à sa réédition vinyle pour qu’on prenne définitivement connaissance de son existence. Grand bien leur en a pris car, au-delà d’être une réelle découverte, ce disque aux contours intemporels se dresse en révélation. Pourtant loin d’être d’une grande originalité, ces neuf titres sont chacun parcourus par un savoir-faire indéniable, et arrosés des postillons d’une culture locale parfaitement digérée. En effet, coincé entre le post punk des eighties anglaises et la tension de formations plus noise et plus récentes, le groupe laisse éclater son affection pour des compositions accidentées et contrastées, interprétées avec une rage sous-jacente parfaitement incarnée par un chant capable de tout (à l’image de l’excellent final ‘King Of Discipline’), frappé d’un accent british à couper au couteau. Oui, comme tout ce qu’Andy Falkous (McLusky, Future Of The Left) a pu toucher dans sa carrière, ou Sleaford Mods plus récemment dans un tout autre genre (quoique…), ‘National Service’ transpire la bruine de l’Angleterre ouvrière qui sait aussi parfois desserrer les dents pour laisser passer quelques mélodies (le titre éponyme), pas mal de subtilité (‘Reverse Formation’ porté par ses choeurs mélancoliques), et un groove qui rend la grisaille plus belle (‘Churchbuilder’, ‘Holy Cross’ à la linéarité venimeuse). Passionnant de bout en bout, l’album peut par-dessus tout compter sur ‘What The Body Wants The Body Gets’, un tube bipolaire, au relief imparable, qui suffit à rallier la cause de cette formation appelée à devenir grande, à condition qu’on veuille bien lui porter toute l’attention qu’elle mérite. Pourvu que cet article puisse y contribuer, avant la sortie prochaine d’un nouvel album à la teneur sans doute toute aussi addictive.

‘National Service’, ‘What The Body Wants The Body Gets’, ‘Holy Cross’, ‘King Of Discipline’


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