
01 Juin 11 Three Trapped Tigers – “Route One Or Die”
Album
(Modulor/Essential)
30/05/2011
Noise electro
Three Trapped Tigers, c’est un peu Aucan, Squarepusher et PVT, tous placés dans une centrifugeuse. Je vous vois venir: chercher des comparaisons lorsque l’on entend le premier album d’un groupe atypique, ça ressemble grossièrement à la solution de facilité. Mettez vous à ma place, et essayez plutôt de vous poser devant un clavier d’ordinateur pour parler d’un groupe qui vous a mis une bastos dans la tête lors d’un concert. Le live, c’est d’ailleurs bien le concept autour duquel gravite “Route One Or Die”, oeuvre relativement courte mais absolument intense, et différente sur le fond des trois premiers EPs qui l’ont précédé.
Pour ceux qui ont suivi, cette trilogie – aux morceaux sobrement numérotés de 1 à 12 – était basée sur des arrangements électroniques plein de bravoure, particulièrement difficiles à transposer sur scène, mais servait néanmoins de superbe introduction à cet univers à la fois violent et plein de magie ayant grandit dans l’ombre, comme si ces Britanniques s’entraînaient à huis-clos pour jouer la finale de la coupe d’Angleterre (écoutez le fabuleux “6”). Le trio était alors fin prêt à graver sur une rondelle de la pure énergie live, une excellente vitrine pour donner l’envie d’aller apprécier dans une salle cette tornade math-rock, humainement incarnée par le clavier Tom Rogerson, le guitariste Matt Calvert et le monstrueux batteur qu’est Adam Betts.
“Route One Or Die” est une collection de morceaux instrumentaux, un arbre solide au tronc résolument rock, duquel poussent des branches métal, électro, jazz ou new-wave. “Cramm” jouit ainsi de changements de cadence incessants, de mélodies stratosphériques et de moments de calme avant l’assaut final. L’adjectif “épique” n’aura jamais été si justement employé! Dans la continuité, les londoniens jettent “Noise Trade” en pâture aux lions, un titre qui se défend bien à coup de guitare aiguisée, d’intense mélancolie et de déchaînement rythmique transformant l’arène en ruines. Si “Creepies” met un certain temps à décoller, on apprécie ce glissement de décor vers un breakbeat hardcore et macabre, contrastant avec l’electronica minutieuse de “Ulnastricter” qui se laisse aller dans une escalade accidentée, parfois confuse. “Zil” marque la mi-temps avant la reprise des hostilités, à l’image des coups de marteau assénés par “Drebin”, des envolées frissonnantes de “Magne” ou la transe finale de “Reset” qui ne manque pas de nous achever au marteau-piqueur… Du très lourd Messieurs Dames.
En écoute
No Comments