Themselves – “Crownsdown”

Themselves – “Crownsdown”

them1801Album
(Anticon)
25/11/2009
Hip hop alternatif

Pris dans le tourbillon de leurs multiples casquettes – en solo ou avec Clouddead et SubtleJel et Dose One reviennent sous l’entité Themselves et mettent ainsi fin à un silence de sept ans: une éternité quand on sait à quel point le hip hop, alternatif et expérimental de surcroit, n’a cessé d’évoluer pendant tout ce temps. En effet, en 2009, l’impact novateur d’Anticon s’est quelque peu émoussé, et la tendance est plutôt à un retour aux basiques, tout en privilégiant une approche nouvelle. Des fois ça marche, d’autres fois non. Quoiqu’il en soit, annoncé par une mixtape de haut vol il y a sept mois, le retour de deux des piliers originels du label ne pouvait être qu’un évènement tant depuis toujours il privilégie la qualité à la quantité, quand d’autres tout proches d’eux se sont plutôt enfoncés dans la routine de sorties aussi ressemblantes que récurrentes, ou dans l’indifférence en voulant chaque fois pousser toujours plus loin l’expérimentation.

Pour “Crownsdown”, Themselves leur sert une bonne leçon: plutôt que de courir et trébucher, mieux vaut encore prendre le temps d’avancer sûrement. Le duo ressert de ce fait toute l’expérience qu’il a engrangée depuis des années via divers projets, tout en n’oubliant jamais le hip hop qui l’a bercé durant son adolescence. Sur le fond tout du moins, car la forme, en propulsant les basiques du genre vers l’avenir comme s’ils n’étaient jamais passés par une phase transitoire (“Back II Burn”), est plus que jamais à l’ordre du jour. C’est une évidence, Jel n’a pas perdu la main, s’impose toujours en mettre de la MPC et du sampling (“Skinning The Drum”), et délivre dix productions tranchantes, efficaces, parfois gentiment mélodiques (“You Ain’t It”, “Roman Is As Roman Does”), oscillant entre hip hop et electro, et taillées pour un atypique Dose One qui gagne en goût au fil des ans. C’est en tous les cas ce que révèle la riche palette de flows qu’il utilise tout au long de cet album, reflet parfait de l’approche musicale que Themselves a tenu à respecter: ici ou là remonté à bloc, lent, chanté, en mode nasillard, ou baryton (“Gangster Of Disbelief”), quand il ne s’embarque pas à tout rassembler avec succès (“The Mark” sur lequel Jel s’offre même un couplet).

Équilibré, tel est donc un des qualificatifs qui puissent le mieux aller à ce disque dont la diversité s’en va même marcher sur les plates-bandes de TV On The Radio, formation parmi les plus influentes de cette décennie dont on retrouve des similitudes sur “Deadcatclear II” et “Daxstrong” (hommage à Dax Pierson, membre de Subtle handicapé lors d’un accident de la route en tournée). Mais en laissant le brutal et épuré “Gold Teeth Will Roll” cloturer l’album, Themselves martèle une ultime fois son idée de base, et relifte les quelques rides amassées par le son Anticon traditionnel. S’il n’est peut être pas aussi réussi que “The No Music”, “Crownsdown” parvient donc sans mal à l’égaler. Au moins.


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