17 Sep 12 Thee Oh Sees – « Putrifiers II »
Album
(In The Red)
17/09/2012
Garage à malices
Une chauve souris violette, un téléphone avec des yeux, et un chien à tête d’homme… A l’image de ses pochettes, Thee Oh Sees cultive avec goût la métamorphose et le déviant au sein d’une discographie relativement difficile à suivre tant sa productivité est plus que conséquente. « Putrifiers II » y fait office d’épisode incontournable de par ses arrangements et sa manière d’insérer, sans en avoir l’air, une étrangeté au sein de son garage atypique.
Avec plus d’un tour dans son sac et un savoir faire certain pour le mettre en place, le groupe tord le cou du garage de manière jouissive, en le faisant joyeusement imploser de l’intérieur. Au moment de l’explosion, c’est donc un ébouriffant bouquet d’influences et de détails qui se répandent, donnant à l’album de nombreux aspects renforçant son allure protéiforme et insaisissable. Voix en apesanteur alors que la purée crache sur « Wax Faces », violon distordu qui sert de toile de fond à la ballade folklorique de « So Nice », interlude dissonant sur « Cloud #1 », tout ici est réglé pour aller à contre-courant avec une conviction qui frôle la folie.
Mais si folie il y a, elle se révèle diablement contagieuse. Bercé par des accents sixties, l’album est aussi l’histoire d’une merveilleuse rencontre entre un garage amadoué et une pop qui a pris un violent coup de soleil sur la tête. « Flood’s New Light » est en soi un point de rencontre idéal entre ces deux univers qui se bousculent dans la tête de John Dwyer, leader historique de la formation, jamais en manque d’idées lorsqu’il s’agit de nous emmener dans ce petit train fantôme qui oscille entre douce sournoiserie (« Will We Be Scared ») et exaltation déviante (« Lupine Dominus »).
Bande son idéale pour une boum qui tourne mal, avec clowns sociopathes et gamins terrorisés, « Putrifiers II » est aussi l’un des tous meilleurs albums de Thee Oh Sees. Cultivant l’étrange, brassant de nombreuses influences, il est le reflet d’un combo qui forge son identité tout en gardant une part de mystère, disséminée ici par le prisme d’une schizophrénie qui ne dit pas son nom. Séduisant paradoxe et vrai beau disque, par un vrai grand groupe.
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