Thee Oh Sees – ‘A Weird Exits’

Thee Oh Sees – ‘A Weird Exits’

Album / Castle Face / 12.08.2016
Garage rock

Les mauvaises langues diront que Thee Oh Sees devient au fil des années une formation de plus en plus prévisible, de moins en moins surprenante. Pourtant il faut l’admettre, ce groupe force l’admiration tant il parvient toujours – peut-être trop subtilement – à se différencier du reste tout en préservant sereinement ses fondamentaux, et cela – faut-il le rappeler – au rythme fou d’un disque par an. Par conséquent, découvrir et explorer chaque année un nouvel album des californiens s’avère être un instant particulier, comme une sensation d’errer librement chez soi tout en ayant l’impression de n’y avoir jamais vécu. Ce nouvel opus, faussement redondant, et très justement intitulé ‘A Weird Exits’, ne déroge pas à la règle. Il laisse perplexe et mitigé dans un premier temps, mais s’avère à la hauteur de ses prédécesseurs au bout de seulement quelques écoutes.

C’est donc fidèle à sa réputation de stakhanoviste que John Dwyer remet le couvert en 2016, aux cotés de sa bande composée cette fois-ci de Ryan Moutinho et Dan Rincon (tous deux batteurs) et de Tim Hellman (bassiste). Comme à son habitude, l’américain livre ici un rock garage parsemé de détails et d’influences diverses qui rendent ce ‘A Weird Exits’ aussi attractif que particulièrement étrange, à l’image de cette pochette rappelant The Shining. Comme sur les deux précédents albums – ‘Drop‘ et ‘Mutilator Defeated At Last‘ – le disque semble presque se scinder en deux parties. La première comportant principalement des titres aux sonorités plus traditionnelles du groupe (‘Dead Man’s Gun’, ‘Ticklish Warrior’), la seconde proposant des choses plus variées et des morceaux plus expérimentaux (‘Crawl Out from the Fall Out’).

Dwyer continue d’insuffler à sa musique ses fantasmes krautrock, notamment avec ‘Jammed Entrance’ qui fait écho à son projet solo Damaged Bug, ou bien encore son goût prononcé pour la pop anglo-saxonne des 60’s avec la magnifique ballade ‘The Axis’ qui conclue l’album. Une tradition chez Thee Oh Sees depuis ‘Putrifiers II’. En intégrant ces différentes facettes à sa musique, Dwyer démontre ainsi sa manière à lui de lutter contre la lassitude et sa façon d’anticiper l’ennui d’un rock garage traditionnel qu’il souhaite depuis longtemps dépasser. Seuls des morceaux comme ‘Gelatinous Cube’ ou encore ‘Plastic Plant’ gagneront très certainement leur notoriété en live, mais peinent à s’inscrire comme des titres majeurs sur ce disque.

Même s’il n’opère aucun changement radical, ‘A Weird Exits’ consolide à son tour l’édifice que se construit Thee Oh Sees depuis plusieurs années. Un disque qui, pour certains, fera figure de passerelle, et qui pour d’autres s’avèrera aussi incontournable que les précédents, tous inscrits dans une discographie qui fait désormais office de bible dans le genre, et Dwyer de guide indiscutable.

‘Ticklish Warrior’, ‘Jammed Entrance’, ‘Crawl Out From The Fall Out’, ‘The Axis’


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