20 Juin 10 The Roots – « How I Got Over »
Album
(Def Jam)
21/06/2010
Hip hop retrouvé
Il faut bien admettre que depuis le légendaire « Things Fall Apart » – une des plus belles démonstrations de groove que le hip hop ait connu – The Roots s’essoufflent à tenter de provoquer le même cataclysme. Du coup, de « Phrenology » à « Rising Down« , en passant par « The Tipping Point » et « Game Theory« , tous éphémères et sans véritable profondeur, le crew de Philadelphie n’a fait que se chercher, déballant successivement de nouveaux jouets, faisant constamment évoluer son line up, rehaussant le rythme jusqu’à parfois manquer de souffle. Alors, entre son image du plus prestigieux des groupes de bal, et son rôle de backing band au sein d’un des talk shows les plus regardés des Etats Unis, la formation de Philadelphie semblait ne plus rien promettre de bon. Jusqu’au premier extrait de ce « How I Got Over » et qu’il lève le voile sur sa pochette. Là, avec surprise, on a senti souffler le petit air du bon vieux temps.
Confirmation à l’écoute de ce nouvel album: The Roots reviennent à un hip hop plus posé, prennent le temps de réinstaller leur groove jazzy originel, celui qui faisait s’articuler les cervicales. Les mêmes qui reprennent aujourd’hui leur va et vient, comme par un automatisme qui ne se serait jamais dissipé. Et s’il ne parvient jamais vraiment à faire oublier les « The Next Movement », « Proceed », « Mellow My Man », ou « What They Do » pour ne citer que quelques-uns des intouchables piliers de la discographie du groupe, ce « How I Got Over » contient quelques perles qui s’en approchent plus près que tout ce que la formation a pu composer ces dernières années.
C’est le cas des « Walk Alone », « Dear God 2.0 », qui imposent à la guitare de la mettre en veilleuse au profit de la section basse-batterie, et donnent envie de faire claquer les doigts en rythme. Mais, en faisant appel à de vieilles connaissances (Dice Raw, Truck North, Porn), à des featurings plus reconnus (Blu, Phonte, John Legend), comme à d’autres beaucoup moins prévisibles (Monsters Of Folk, Joanna Newsom), le combo enfonce le clou avec une poignée de morceaux aux refrains chantés (« Now Or Never », « The Day », l’énorme « Right On »), ou les mélodies terrassent avec une agilité telle qu’il évite à chaque fois ce piège de la mièvrerie nu soul dans lequel il ne fallait surtout pas qu’il tombe.
Certes, il y a bien encore quelques tentatives pour faire tanguer le navire. Mais qu’il s’agisse du titre éponyme uptempo, de réminiscence d’un proche passé qu’on ne souhaitait pas forcément recroiser (« Web 20/20 »), ou du très réussi final West Coast (« Hustla »), toutes sont beaucoup trop isolées pour pouvoir provoquer ces vagues de critiques nostalgiques entendues ces dernières années. Autrement dit, « How I Got Over? » est certainement l’album que tous les fans de la première heure attendaient de pied ferme pour reconsidérer The Roots, enfin revenu au niveau qui est le leur. L’attente fut longue, mais pas vaine.
En écoute
DT
Posté à 08:28h, 21 juinVous etes durs avec les albums précédents c’est tout de meme bien qualitatif, bien plus que la plupart des albums sortis durant la même période…
sage allumé
Posté à 21:43h, 21 juinbien d’accord avec DT, phrenology, tipping point , attendez c’est des bombes ces albums… ils auraient fait 6 albums comme » thing fall appart » là on aurait pu parler d’éssoufflement, ils n’ont cesser de se renouveller… a voir celui là…
bonitor
Posté à 11:01h, 22 juinD’accord avec les autres
quel autre groupe peut proposer une discographie de leur qualité ???
Je n ‘en vois pas
Ca me rappelle les critiques injustifiées sur Mos Def…
Mowno souffrirait il du syndrome « underground » ? Quand un groupe est un peu trop connu, il devient mauvais ?
Heureusement que la notoriété n’a rien à voir avec le talent !
matthieu
Posté à 12:55h, 22 juinParole à la défense. Effectivement les derniers albums du groupe étaient bons comparés à ceux qui sont sortis au même moment. Mais vu la médiocrité ambiante, est ce vraiment un argument positif? Et combien de fois avez vous écouté en intégralité chacun de ces albums par rapport aux premiers? Sûrement pas autant. Tout ca parce que les Roots se sont cherchés, un nouveau son notamment, ont composé des « tubes » aguicheurs mais vite lassants, sont partis dans des titres à solos de guitare indigestes…. Les goûts et les couleurs comme toujours, mais je trouve que « How I Got Over » réconcilie The Roots avec leur groove originel. Pas question d’underground ou pas, juste qu’il est justifié d’attendre beaucoup plus d’un groupe comme eux, ou d’un Mc comme Mos Def, que de n’importe quel autre représentant du hip hop US. Tant qu’à faire, autant tirer vers le haut que vers le bas…
Ben
Posté à 17:30h, 22 juinL’argument du « c’est toujours mieux que le reste » n’est en effet pas bon.
Ok, Phrenology est pas top, mais the Tipping Point, Game Theory et Rising Down ont tous une approche differente entre eux et une homogénéité au sein de chaque album, qui possède vraiment son propre son. J’ecoute ces albums en entier sans aucun problème et beaucoup plus souvent que les anciens qui peuvent parfois sonner un peu daté.
Les tubes aguicheurs dont tu parles (probablement « Birthday Girl » sur Rising Down, « The Seed 2.0 » sur Phrenology, aucun pour moi sur Tipping Point & Game Theory) sont un petit moment moins noir sur un album, ca ne me derange pas. Le premier cité est pas terrible, ok, mais The Seed dépote.
Les solos de guitare indigestes, je ne sais pas d’ou ils sortent, je n’en ai jamais entendu un sur les derniers albums. Tu faisais surement allusion aux claviers saturés qui donnent ce son sombre. Mais pas de solos en tout cas (attention, 2 mesures ou le riff change légèrement, ce n’est pas un solo pour moi).
Il est clair que ce dernier disque est beaucoup plus soul que les autres, qu’on s’éloigne donc des derniers albums. A la lecture de la chronique, on a un peu l’impression que c’est une posture: on y lit qu’ils ont essayé d’évoluer mais qu’ ils auraient du garder leur recette; mais la chronique donne l’impression que s’ils avaient gardé leur recette, on leur auraient reproché de ne pas évoluer.
D’autant plus qu’on a l’impression que la présence de la guitare, en elle même, pose un problème, et que leur son soul ne peut être là que grâce aux claviers/orgues. « Star/Pointro » & « Guns are Drawn » sur The Tipping Point me font dire le contraire.
Sinon, je trouve la pochette vraiment quelconque et, pour le coup, vraiment moins bien que les 3 ou 4 précédentes.
Arno
Posté à 14:38h, 23 juinPareil que les autres… vous y allez un peu fort… non mais… The roots…. je les écoutes au moins une fois par mois… j’ai usé leurs albums… toutes les chansons sont pas parfaites et c’est bien normal !
DT
Posté à 13:42h, 24 juinDésolé du double Post, mais quand vous dites que Rising Down manque de profondeur je suis absolument pas d’accord. Le son reflète une époque sombre, et c’est une leçon d’hip hop « conscient ». J’ai aimé, écouté et re écouté cet album parce qu’il collait parfaitement avec l’atmosphere degradée du monde à la période de sa sortie. D’ailleurs dès le premier titre ils disaient « world spinnin’ outta control » et ils n’avaient pas tort.
Au niveau musical, c’était le prolongement de Game Theory qui était déja déroutant pour les fans de la première heure, mais on ne peut pas leur reprocher d’avoir voulu faire évoluer leur musique d’autant plus que c’est pour le moins très réussi 🙂
kija
Posté à 18:33h, 29 aoûtmwai franchement les roots c’est toujours 50% de déchet par album! 😉
Rod Kimble
Posté à 22:52h, 24 juinMatthieu je viens un peu te soutenir pour le coup.
Les derniers albums ne sont pas du tout à jeter, loin de là, mais m’ont vraiment donné l’impression qu’après leur succès dans les 90s les membres du groupe se sont dit que tout ce qu’il pouvait pondre valait de l’or, pour au final beaucoup plus de déchet sur chaque album, un petit coté « baclé » / work in progress.
C’était sympa sur Phrenology (l’album de la rupture) mais ça a pris beaucoup trop d’importance sur ceux d’après, qu’ils ont d’ailleurs enchainés à un rythme assez frénétique je trouve. D’ailleurs ce coté « work in progress » s’est retrouvé pendant les concerts, un peu fouillis, ou ils donnaient souvent l’impression de se taper un boeuf et de « s’autokiffer » – le coté « on est le legendary roots crew quoi! » sans trop penser à leur public.
Enfin on peut pas trop leur reprocher d’avoir pris un peu le melon étant donné ce qu’ils ont apporté au hip hop, et j’espère que ce (très bon) album ouvre une nouvelle ère pour le groupe, un mix entre le perfectionnisme soul des 90s et une intégration réussie de leur évolution des 00s, en gros.
Sinon la pochette est toujours moins moche que celle d’illadelph halflife c’est toujours ça de pris