03 Déc 11 The Black Keys – « El Camino »
Album
(Nonesuch)
05/12/2011
Rock garage
En 2040, quand on reviendra sur le rock du début du siècle et qu’on se penchera sur le cas des Black Keys, il se dira assurément qu’il y eut un avant et un après Dangermouse. En effet, plutôt confiné à un certain cercles d’amateurs garage rock jusqu’à l’indétrônable « Attack & Release » frappé du saut de celui-ci, le duo grimpa alors quatre à quatre les marches de l’escalier qui le mena au sein des formations rock les plus en vue du moment. Pour ne plus les quitter. Car, un peu plus d’un an seulement après la sortie d’un « Brothers » produit par le groupe lui-même et influencé par l’expérience Blakroc, « El Camino » lui emboite le pas, rebranche les guitares à plein volume, retrouve Brian Burton aux manettes, et laisse murmurer qu’il n’est autre que l’incontournable must have de cette fin d’année 2011.
Et pour cause, depuis quelques mois déjà, les Black Keys annoncent ce septième opus à grands coups de « Lonely Boy », parfaite entame pour que ce retour franc du collier, à l’énergie sulfureuse et aux mélodies accrocheuses, devienne certitude. Cette fois-ci donc, influences soul et R&B ne sont plus de la fête, elles laissent plutôt pleinement s’exprimer les envies garage et rock n’roll sixties de Dan Auerbach et Patrick Carney qui semblent d’ailleurs s’y donner à coeur joie. En effet, comme tombés dans un puits sans fond d’inspiration, tous deux livrent ainsi onze nouveaux titres au cours desquels ou les entend clairement muscler leur jeu, autant qu’on peine à déceler leurs faux pas. Si tant est que nous les cherchions vraiment.
Car ici, comme forcé de faire bonne figure derrière le tube de l’année, chaque titre défend généreusement son intérêt et contribue pleinement à faire de « El Camino » un de ces disques qui se savourent à chaque écoute. Parfaitement équilibré entre l’approche mélodique, le son chaud des Black Keys et la production typiquement ronde, profonde, et groovie d’un Dangermouse embarqué avec basse et claviers, l’opus aligne alors plus de réjouissances qu’on osait en espérer. Le duo déballe ainsi généreusement tout son savoir, que ce soit en termes de ballades acoustiques drapées de mélancolie puis électrisées façon Led Zep (« Little Black Submarines »), de titres chauffés au fer rouge (« Money Maker »), de récitation des basiques (« Nova Baby »), de pépites rock fraiches et dansantes, ancrées dans la culture musicale des années 70 (« Gold On The Ceiling », « Sister », « Stop Stop »).
A l’image de la pochette de cet album qui n’est autre que la photographie de la voiture dans laquelle le groupe tournait à ses débuts, The Black Keys opèrent ici un impressionnant retour en arrière, comme pour retrouver l’excitation de leurs débuts et lui offrir une production au goût du jour. Du coup, « El Camino » ratisse large, saisit toutes les générations par le bras, et immortalise simplement les envies d’un duo de génie qui, en choisissant délibérément de la jouer viscérale, ne s’est jamais montré aussi passionnant que racoleur. Comme quoi, avec beaucoup de talent, tout est possible, y compris de faire danser les claquettes au monde entier à noël.
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