10 Oct 10 Sufjan Stevens – « The Age Of Adz »
Album
(Asthmatic Kitty)
11/10/2010
Folktronica deluxe
On a beau creuser et fouiller la scène musicale américaine, on y trouve aucun équivalent de Sufjan Stevens: ce multi-instrumentiste de 35 ans totalement perfectionniste, aussi pointilleux sur papier à musique que sur petits ou grands carreaux, le seul aujourd’hui qui soit capable d’offrir au folk le qualificatif de « symphonique ». Car, depuis 2000 et la sortie de son modeste premier album « A Sun Came », le jeune homme n’a cessé de souligner des progrès croissants chaque fois qu’il défendait son statut d’artiste parmi les plus prolifiques de la musique contemporaine. En effet, quand Sufjan aime, Stevens ne compte pas, enchaîne les projets chaque fois plus qualitatifs, avec comme point d’orgue ce fabuleux « Illinoise » qui fit l’unanimité en 2006.
Bien qu’assez discret depuis, le natif de Detroit n’a pas chômé. Jusqu’à « All Delighted People », sorti à la surprise générale en août dernier, qui ramenait Sufjan Stevens a l’exercice plus classique de la composition, celui qui avait marqué son éclosion artistique et médiatique il y a maintenant quatre ans. Deux mois plus tard, l’innarrêtable compositeur remet donc le couvert pour un « The Age Of Adz » qui restera très certainement comme une des plus belles oeuvres de cette gueule/voix d’ange. Et pour cause, comme schizophrénique, l’album affiche deux visages bien différents – l’un folk l’autre electronica – mais on ne peut plus complémentaires, qui font toute la diversité et la cohérence de cet incontestable « must have » qui va parfois jusqu’à prendre des entournures symphoniques (la fin de « Too Much » ou cuivres et chaos électronique entrent en fusion), plus rarement de conte à écouter où l’on attendrait presque le carillon pour passer au morceau suivant (« Get Real Get Right »).
Pour la première fois vraiment, et à l’exception de la belle entame « Full Devices », Sufjan Stevens y délaisse les guitares acoustiques et son fidèle banjo, au profit de boîtes à rythme et synthétiseurs analogiques n’écaillant jamais la douce mélancolie de ses compositions (« Age Of Adz », « I Want To Be Well »). Comme si ses premiers pas minimalistes et épurés se perdaient dans les envolées symphoniques du « BQE », pour accoucher d’un registre aussi neuf que familier. Ainsi, en un peu plus d’une heure, le petit génie offre une poignée de berceuses assez finement arrangées pour qu’elles s’amusent à tirer délicatement les ficelles de nos émotions, et prendre le temps de se découvrir à chaque nouvelle écoute. Au premier rang, la sublime ballade « I Walked », comme « Vesuvius » et « All For Myself » aux flûtes enchantées.
Pourtant, s’il n’est pas forcément le titre à retenir de cet album, comment ne pas choisir les vingt-cinq minutes du final « Impossible Soul » comme meilleure incarnation de ce « The Age Of Adz » à la fois complexe, accessible et incroyablement minutieux. Le temps qu’il s’étale de tout son long, tout y est: mélodies lumineuses, éclairs de génie, bidouilles électroniques, risques de producteur masochiste (la tentative autotune aussi has been que réussie). Assez pour laisser penser que l’ambitieux Sufjan Stevens est tombé dans la prétention. Il n’en est rien tant « The Age Of Adz » est incontestablement un magnifique coup de maître.
En écoute
pati
Posted at 23:28h, 13 octobreBonne albu, bien fou
Dommage d’avoir choisi Futile devices comme titre en ecoute, car pas du tout representatif de l’ensemble de l’album
matthieu
Posted at 07:37h, 14 octobreOn ne choisit pas, on prend ce qu’il y a! 🙂
matthieu
Posted at 07:39h, 14 octobreEn l’occurence, ici, c’est tout l’album qui est en écoute. Appuie sur >>I 😉