26 Jan 12 Stuck In The Sound – « Pursuit »
Album
(It’s Records/Discograph)
30/01/2012
Indie rock
Chaque groupe le sait avant même qu’il se jette dans l’arène: quelle que soit la musique pour laquelle il opte, les gens tenteront toujours de la comparer à celles d’illustres ainés plutôt que de creuser pour y trouver sa part de personnalité. Depuis bientôt dix ans qu’il existe, Stuck In The Sound semble avoir assimilé cette fatalité et, avec toute la maturité qui est la sienne aujourd’hui, être parvenu à la retourner à son avantage. En effet, empêtrés dans l’ombre des Pixies à l’époque de « Nevermind The Living Dead« , difficile de ne pas penser que les Parisiens aient volontairement opéré un virage plus radical pour qu’on leur lâche un peu la grappe au moment du bien nommé « Shoegazing Kids« . En vain. Comme si c’était dans les gênes, une lutte sans fin, qu’une influence en chassait forcément une autre.
Alors, fort de son solide line up originel, Stuck In The Sound a eu la bonne idée de se résigner, de n’écouter que lui, de laisser libre cours à une inspiration alimentée par un réel talent et la mixité de sa culture musicale. Le reste, le quatuor s’en tamponne ouvertement le coquillard, pousse le vice jusque dans le choix des titres (« Fred Mercure »), et assume pleinement ce qui sera considéré chez l’un comme de la ringardise, chez l’autre comme un éclair de génie. Ainsi, bien emmené par la voix totalement décomplexée d’un José Reis Fontao incarnant plus que jamais cet état d’esprit (« Tender »), le groupe n’attend pas plus longtemps que l’entame « Brother » pour lancer les débats. Collision improbable entre le rock de Queen et le groove d’un Jackson époque « Beat It », le morceau annonce la couleur: « Pursuit » est une mine de tubes balancés avec tant de naturel qu’on en oublierait la difficulté à façonner une telle simplicité apparente, à pondre des mélodies aussi imparables (« Criminal »).
C’est donc avec une énergie d’antan retrouvée (« Pursuit », « My Life ») et l’équilibre offert par son expérience désormais conséquente (« Let’s Go », « Bandruptcy ») que Stuck In The Sound érige titre après titre son must have, celui capable de faire mouche sur disque comme sur scène, et après lequel bon nombre de groupes courent en vain durant toute leur carrière. Le tout avec un minimum de prises de risque (« September » très 2008…) et la diversité qu’il faut (le délicat « Who’s The Guy ») pour que ce généreux « Pursuit » – quatorze titres, quand même – puisse être écouté sans étape, y compris en fin de course, là ou il aurait tendance à s’essouffler. Sans conséquence puisque les juges auront levé leur note bien avant…
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