21 Août 14 Shabazz Palaces – ‘Lese Majesty’
Album / Sup Pop / 29.07.2014
Space Oddissey
Le premier album de Shabazz Palaces, paru il y a trois ans, est l’une des oeuvres hip-hop les plus passionnantes de notre génération. Armé de compositions lourdes, brûlées par leur atmosphère malsaine, l’opus s’avérait obsédant. Loin d’être inerte, il provoquait les dogmes afin de mieux générer un art hybride, quelque part entre la musique répétitive, concrète, et le hip-hop. Dans un relatif anonymat, Shabazz Palaces érigeait sa propre mythologie.
Le collectif de Seattle poursuit ses travaux avec ‘Lese Majesty’, successeur bienvenu dans cette discographie trop brève. Contrairement à ‘Black Up‘, ce nouvel album n’a rien d’aussi anxiogène. Plus dépouillées, les compositions se reposent majoritairement sur une rythmique centrale, un ou deux samples, et les voix des deux producteurs. On est loin des tourbillons presque drones du prédécesseur. L’exercice prophétique n’est plus. L’heure est aux essais ludiques, minutieusement construits par l’ancien Digable Planet et son acolyte. Contrairement à ‘Black Up’, ce second opus se nourrit bien plus de la voix d’Ishmael Butler, outil protéiforme idéal pour dériver dans ce champ des possibles illimité, constitué par l’imaginaire du duo.
Évidemment, ‘Lese Majesty’ n’est pas un album de hip-hop comme les autres. Shabazz Palaces ne s’est jamais enfermé dans des schémas prédéfinis, et cela ne change pas avec ce nouveau disque. Cette fois, le groupe s’appuie sur un format narratif différent, presque chapitré, là où ‘Black Up’ se présentait comme un bloc homogène, voire étouffant. Ici, les atmosphères changent, aidées par de judicieux interludes (‘Solemn Swears’, ‘The Ballad of Lt. Maj. Winnings’, ‘Divine of Form’…).
Pour illustrer ce virage subtil mais réel, la formation tourne progressivement le dos aux boucles démultipliées d’antan pour s’appuyer sur des esthétiques plus connues, funk ou jazz. Au final, ‘Lese Majesty’ dévoile un goût pour le rétro-futurisme quand son prédécesseur préférait évoquer l’apocalypse. Quelque soit la direction prise, Shabazz Palaces démontre à nouveau qu’il est un des projets les plus audacieux de notre ère.
‘They Come in Gold’, ‘Ishmael’, ‘Suspicion of a Shape’
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