Saroos – « See Me Not »

Saroos – « See Me Not »

saroos180Album
(Alien Transistor/Anticon)
12/11/2010
Déclinaison de groove

L’interconnexion entre la Californie et l’Allemagne ne connait aucun parasite, notamment depuis que les labels Anticon et Alien Transistor se sont alliés pour mettre sur pied l’excellent projet 13&God. « See Me Not », deuxième album de Saroos dont la distribution est prise en main par ces deux structures défricheuses, en est une nouvelle preuve flagrante. Et pour cause, le trio étant composé de membres de Iso68, Lali Puna et The Notwist, chapeauté ici de surcroit par le producteur poil à gratter Odd Nosdam (Anticon), tout ces électrons libres batifolent de nouveau gaiement autour de l’atome hip hop electronica. Sur une base instrumentale totalement cohérente, Saroos ne refuse donc aucune avance, qu’elle soit krautrock, post rock, ou no wave. Car ce qui conduit le trio vers de tels hauts lieux de l’inspiration semble bel et bien être un groove aussi accueillant que surprenant, celui qui sert de fil conducteur à ce disque captivant, presque hypnotisant.

La diversité étant ici constamment au rendez vous, on ne s’ennuie jamais vraiment le temps de cette grosse demi-heure découpée en seulement huit titres. Dès l’entame « Lobster Claw », c’est l’esprit dub qui règne: la ligne de basse autour de laquelle vient s’agripper une poignée de couches bruitistes aurait parfaitement pu voir le jour du côté d’Angers. Même constat un peu plus tard, mais marque de fabrique différente sur « Fog People », excellente hésitation entre machines et outils. Nettement plus uptempo et flanqué de breaks electro hip hop, l’exception « Daylight Chant » extirpe entre temps de la somnolence, emmène goûter aux sursauts rythmiques et dansants des plus grands maitres du post rock.

Réutilisée à foison, et parce qu’elle privilégiera la mélodie (« See Me Not »), la mélancolie (« Yukoma »), l’introspection (« Tyden Divu », « Outrigger »), ou exploitera au mieux la contribution de Odd Nosdam (« Scott »), l’approche majoritairement langoureuse et accueillante de Saroos n’offrira heureusement jamais la redite: un atout capital qui, au delà de refléter toute l’expérience de ces trois Allemands, inscrit ce disque parmi ceux qui procurent le bien alors qu’on ne peut s’empêcher de les écouter autrement qu’à plein volume. Là, les tripes tremblent à chaque note de basse, les milles et uns détails d’arrangements aguichent les neurones, on est charmé, séduit, presque amoureux, et on se rappelle alors que la musique est une inépuisable source de sensations. Bien qu’absent du Bescherel, « See Me Not » décline parfaitement le groove à tous les temps.

Disponible sur
itunes7


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