PVT – « Church With No Magic »

PVT – « Church With No Magic »

pvt180Album
(Warp)
23/08/2010

Quand la sortie d’un disque coïncide avec le changement d’identité d’un groupe, il n’est pas rare que les attentes soient nombreuses autour de celui-ci. Pivot est mort, et son successeur – PVT – avait déjà suscité pas mal de buzz avant la sortie officielle de « Church With No Magic »: la vidéo de l’excitant single « Window » tournait en boucle sur le web quand l’impatience de nombreux admirateurs atteignait son paroxysme.

« Church With No Magic » est donc désormais entre nos mains, et s’avère d’ores et déjà incontournable! Une fois passée l’intro, digne d’une chorale ecclésiastique noyée dans les profondeurs océaniques, « Light Up Bright Fires » place les bases d’un prometteur tourbillon sonore. L’appareil auditif de n’importe quel clubber entrainé ne résisteraient pas aux infra-basses persistantes, et les voix de Rick Pike s’emmêlent jusqu’à former un maëlstrom d’invocations spirituelles. Oui, ce disque fleure bon la bande-son des vestiges d’une cathédrale post-apocalypse, et les analogies religieuses n’en resteront pas là.

L’éponyme et troisième morceau de l’album se permet de ressusciter humblement le fantôme de Suicide dans un bref interlude parsemé de claviers répétitifs, sublimé par un chant vega-esque. Alors, les ambitions dancefloor de PVT sont encore lointaines, et le possédé « Crimson Swan » ne déroge pas à ses prédecesseurs. S’offre ainsi à nos oreilles un véritable hymne industriel où voix provenant d’outre-tombe et boucles rythmiques s’harmonisent parfaitement lorsqu’ils ne sont pas interrompus par quelques rugissements mécaniques. Un petit bijou qui n’est pas sans rappeler le « DNA » des italiens d’Aucan. Un train en cache souvent un autre, et c’est le single « Window » qui assure la transition, prêt à marquer les fans du genre à l’instar de Battles avec « Atlas ». Ainsi, Pike et Dave Miller superposent le plus simplement possible les samples vocaux sur une rythmique implacable pour trois minutes intenses, tribales et jouissives. Là, la moitié de l’album est passée et l’étonnement est déjà total.

La suite s’avère cependant un peu moins reluisante, à la fois plus tourmentée avec « The Quick Mile » – polyphonie saccadée déconstruite par des claviers omniprésents – et plus apathique avec « Waves And Radiation » – interlude aquatique pouvant faire son effet sous psychotropes. Heureusement, l’hypnotique « Circle of Friends » remet les compteurs à zéro, lancé par un beat frénétique supportant la voix toujours enlevée de Mr. Pike. PVT construit là encore un morceau à part, épique et abstrait, une nouvelle chapelle que ne renierait pas Boards of Canada.

Le trio prolonge ensuite le schéma avec « Timeless », toujours aussi lyrique, servi de nouveau par une basse épileptique. Une fois de plus, les claviers amènent le tout à des hauteurs jamais atteintes par le groupe, avant de revenir dans les limbes des synapses bourdonnantes de Max Cohen, l’halluciné mathématicien de Pi. La conclusion « Only The Wind Can Hear You » se fait quand à elle l’épilogue sans issue d’un cataclysme n’ayant laissé aucun survivant sur son chemin.

Pendant quarante-cinq minutes, l’ouragan australien s’est amusé à brouiller les pistes, dévaster les dogmes, alternant les idiomes sans jamais les reproduire. Seule l’omniprésence des cantiques propres à Richard Pike sert de fil rouge à cette vaste entreprise de démolition. PVT a réussi à faire ce que Pivot n’avait jamais créé: un monument, la B.O parfaite d’un Twin Peaks 2.0, ou un OVNI de Richard Kelly (Southland Tales?).

Disponible sur
itunes6


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