25 Mar 11 Prince of Assyria – « Missing Note »
Album
(Playground Music)
14/02/2011
Mille et une nuits au pays des fjords
Des découvertes de ce genre, on aimerait en faire plus régulièrement. Celle d’un songwriter marchant clairement dans les pas des Tindersticks offrant, de fait, une folk encordée mâtinée d’une pop boisée, d’une élégance et d’un raffinement trop rare (donc, trop précieuse) de nos jours. L’intéressé, se cachant derrière ce noble sobriquet, se nomme en vérité Ninos Dankha, et bien qu’étant d’origine irakienne, il n’en demeure pas moins citoyen suédois. D’emblée, on pourrait effectuer un raccourci un peu paresseux en le rapprochant de José Gonzalez, autre exilé de naissance ayant mis sa sensibilité tant culturelle qu’ethnique (argentine pour le coup) tout au service de son art. Pour autant, cette comparaison demeure fort peu à propos et induira plus en erreur qu’autre chose celui ou celle venu ici avec l’idée en tête qu’il va être rassasié en folk légèrement kraut sur les bords. Non, en toute logique, si comparaison il doit y avoir, elle devrait se faire avec ce cousin guère éloigné qu’est Minor Majority, notamment celui des troisième et quatrième albums. Le chant, évidemment, n’est pas pour rien dans ce lien invisible existant entre la formation norvégienne et le chanteur suédois. Pal et Ninos possèdent tous deux ce timbre chaud et suave, en somme idéal qui touche et séduit sans avoir besoin d’en faire des tonnes ou de jouer les équilibristes. Ceci étant, lorsque l’on se penche sur la musique qui la soutient, on en viendrait presque à se dire que cette voix n’est en définitive qu’une précieuse cerise sur le gâteau. Car ces dix chansons sont, sur le simple plan instrumental, grandes. Les mélodies centrales sont le plus souvent développées à partir d’une guitare acoustique (la caution folk donc) puis arrangées avec soin et délicatesse. Le piano tient lui aussi une place prépondérante et accompagne, avec complicité, la six-corde dans son désir de nous faire frissonner. Les interventions rythmiques (percussions, tablas et autres batteries) ont, quant à elles, le bon goût de jouer la carte de la ponctualité et l’intelligence de tomber toujours judicieusement. Là-dessus, enfin, vient se poser une orchestration à base de violons et de cuivres divers finissant d’achever les plus résistants. C’est d’ailleurs peut-être là, la plus belle surprise de cet album classique seulement en apparence, que d’être faussement minimaliste et, au contraire, d’une immense richesse dans ses arrangements et sa production. Grâce à cela, chaque nouvelle écoute de l’album fait figure de partielle redécouverte de ce dernier, et permet à Dankha de se distinguer, de creuser un certain écart avec ses potentiels concurrents contemporains, passant ainsi du statut de wannabe à celui de newcomer. Gageons donc, à l’écoute de son magnifique premier opus, que ce jeune futur régent des Émirats Scandinaves Unis devrait accéder au trône très rapidement et sans trop d’obstacle. Hail to the Prince!
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