Pharoahe Monch – « W.A.R. »

Pharoahe Monch – « W.A.R. »

monc180Album
(Duck Down)
22/03/2011
Hip hop

Vingt ans maintenant que Pharoahe Monch fait partie des plus grands MCs en activité. De ses débuts au sein de Organized Konfusion aux côtés de Prince Po – autre orfèvre en la matière – jusqu’à son aventure en solo commencée de manière tonitruante grâce au titre incontournable « Simon Says », son écriture unique comme son flow à la technique subtile n’en finissent plus de ravir les puristes du genre. « Desire« , son dernier album en date, avait d’ailleurs fait l’unanimité, mais est néanmoins resté un succès d’estime, n’ayant jamais rencontré de vrai réussite commerciale. Il n’en demeure pas moins un artiste incontournable que beaucoup, conscients de son talent littéraire, utilisent comme « ghost writer ».

Son troisième album sobrement intitulé « W.A.R (We Are Renegades) » marque, non pas un virage que beaucoup prennent pour enfin rencontrer la gloire, mais une vraie continuité de son art. L’émotion est toujours présente, aussi bien dans les sujets abordés que dans son écriture toujours aussi incisive (« Let My People Go »). Son engagement politique aussi, pour preuve le massif titre éponyme « W.A.R » – produit par un Marco Polo plus rock qu’à l’accoutumé – en guise de charge violente contre l’aveuglement du peuple américain. Bien épaulé par Immortal Technique et Vernon Reid, il largue là une des bombes de 2011. Autre exemple de cette volonté de faire bouger les lignes de conscience, le non moins puissant « Assassins » (feat Jean Grae et Royce Da 5’9’). Mais comme toujours, Pharoahe ne se contente pas de lâcher des titres, certes efficaces mais qui pourraient vite rendre l’ensemble monocorde. Pour cela, il puise son inspiration dans diverses sources, comme sur « The Grand Illusion » produit par le fameux batteur Adam Deitch et le guitariste de Soulive, Eric Krasno.

Comme toujours, la soul a également une place prépondérante au sein de son œuvre: « Black Hand » (feat Phonte et Styles P), »Shine » produit par Diamond D sur lequel Mela Machinko apporte de sa fougue, ou le vaporeux « Haile Selassie Karate », possèdent tous ces influences que le Mc new-yorkais sublime. Difficile d’ailleurs de trouver une fausse note parmi les treize morceaux qu’il nous propose. Bien au contraire, du magistral « Calculated Amalgation » qui ouvre l’opus en nous collant la chair de poule, au « Still Standing » accompagné par Jill Scott, en passant par les fabuleux « Clap » et « Hitman », jamais l’artiste ne semble essoufflé dans sa créativité et son inspiration.

C’est donc bien un nouveau chef-d’œuvre que nous lâche Pharoahe Monch, bien accompagné par des producteurs de talent semblant s’être mis au diapason du sien. Sans cesse ici, son engagement profond est sublimé, tout comme son flow multiforme. Peut-être plus accessible que ses précédents albums, « W.A.R » restera certainement comme un disque majeur de l’année 2011, si ce n’est de la décennie. Espérons que le Mc rencontre enfin ce succès mérité au plus haut point.

En écoute


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itunes31


3 Comments
  • Crazy Horus
    Posted at 22:11h, 24 mars Répondre

    Opus frondeur à la fois soul et traditionnel, W.A.R. est sans conteste LA sortie rap de ce début d’année. Un peu dans la même trame que l’excellent (je pèse mes mots) Desire paru en 2007, l’album regorge de pépites détonantes comme \Clap\, \WAR\ (Marco Polo impressionnant sur cette production), \Black Hand Side\, \The Hitman\, \Assassins\, \Shine\… Bref la discographie de Pharo’ est irréprochable, certains pourraient en prendre de la graine. Entièrement d’accord avec cet article.

  • Pedro
    Posted at 12:13h, 27 mars Répondre

    Quel emballement pour un énième opus hip-hop tradi. Plat et sans surprise. Album de la décennie ? Redescendez sur terre les gars

    • Crazy Horus
      Posted at 17:29h, 29 mars Répondre

      Personne n’a déclaré que cet opus était l’album de la décennie faut pas extrapoler… Décennie = période de 10 ans / 2011 = une année j’opte pour la dernière. C’est une question de gout après tout, et malgré son caractère certes traditionnel cet album met à l’amende pas mal de projets sortis en ce début d’année. Donc ouais merci ça va très bien, sur terre ou ailleurs j’ai aimé.

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