12 Mar 13 Peter Von Poehl – « Big Issues Printed Small »
Album
(PVP)
09/03/2013
Pop d’orchestre lo-fi
Un disque, comme toute œuvre d’art, (sur)vit au sein d’une dualité: d’une part, on le considère comme une expérience esthétique et, d’autre part, comme une marchandise achetable. Reste à l’artiste de décider quelle facette il souhaite privilégier. Chez Peter Von Poehl, la question n’a jamais eu à se poser: le suédois, sous ses airs de garçon bon à marier, est de ceux qui cherchent en permanence quelque chose à explorer. En studio, ce gendre idéal se transforme donc en pourvoyeur de son, profitant de sa liberté pour prendre de la hauteur, sur le monde évidemment, sur l’industrie musicale aussi, la création de son propre label, PVP, en étant l’illustration-type.
Toutefois, dire que Peter Von Poehl n’expérimente qu’en studio est une hérésie: voilà deux ans qu’il enchaîne les dates, façonnant ses nouvelles compositions et réinterprétant ses anciennes accompagné d’un orchestre d’une vingtaine de musiciens. De quoi justifier ses quatre années de silence discographique? En quelques sortes. D’autant que son absence fut masqué par la pléthore de films ou de séries (et même de reportages vaseux) reprenant ses compositions, « The Story Of The Impossible » en tête. Il faut dire que ses petites ballades folk, délicates et ô combien maitrisées, ont de quoi stimuler l’imaginaire. Dernier exemple: « Main Dans La Main », le dernier film de Valérie Donzelli sorti en décembre dernier, aurait-il été aussi poignant sans la présence de « 28 Paradise », pop-song à la fois fragile et émouvante que l’on retrouve en clôture du troisième album de Peter Von Poehl?
Et justement, sur « Big Issues Printed Small » tout exalte cette opulente beauté, aussi bien dans la sensibilité des arrangements que dans la production à la fois soyeuse et lo-fi (oui, c’est possible!): « To The Golden Rose », « Orders And Degrees » et « Lover’s Leep » en sont d’ailleurs de fidèles archétypes. D’une voix unique et enchanteresse, Peter Von Poehl y façonne des mélodies tellement cotonneuses qu’on souhaite les frotter en permanence contre nos oreilles. Un des premiers mérites de ce troisième album – arrangé par Martin Hederos (The Soundtrack Of Our Lives) – tient d’ailleurs à la façon dont il laisse respirer les compositions. Une approche d’autant plus juste quand on sait que l’album a été enregistré en un jour, et qu’à ce rythme il est facile de se fourvoyer dans un maniérisme vulgaire. On ne peut alors que le constater: qu’il opte pour des orchestrations divines (« Twelve Twenty One ») ou pour de brillantes sucreries pop (« The Archeologist », pic émotionnel de l’album), « Big Issues Printed Small » est un disque magistral, aux accents de classique.
En écoute
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