29 Fév 12 Papier Tigre – « Recreation »
Album
(Africantape / Murailles Music)
05/03/2012
Indie rock première classe
Si, dès son premier album, Papier Tigre a impressionné, il n’a pas manqué d’enfoncer le clou l’année suivante avec un deuxième opus ou beaucoup l’attendaient au tournant. De là, tout s’est logiquement très vite emballé pour le trio: tournées à l’étranger, des milliers de kilomètres parcourus en long, en large et en travers de notre bonne vieille France, et cette aventure inédite de La Colonie de Vacances durant laquelle, sans forcément s’en apercevoir, les Nantais ont accumulé beaucoup de savoir et d’expérience. Dès lors, avant même que ce « Recreation » ne soit annoncé, il ne subsistait plus aucun doute: on savait pertinemment que Papier Tigre avait une nouvelle fois passé un cap et que ce nouvel album viendrait définitivement sceller son évolution.
C’est pourtant la seule surprise que ce disque n’a pu contenir très longtemps. Car en s’y plongeant tête la première, on est immédiatement submergé par la sérénité et l’incroyable assurance qui s’en dégage. Comme à chacun de ses albums, Papier Tigre fait mouche, et emmène encore un peu plus loin la magie qui opère dès qu’il use généreusement de ses atouts historiques: un sens de la composition bien à lui porté par une précision chirurgicale, une mécanique rythmique extrêmement bien huilée (« The Later Reply »), des mélodies efficaces mais jamais téléphonées (« Demand »), comme un groove atypique parfois irrésistible (« Afternoons »). En 2012, c’est l’ensemble qui s’imbrique parfaitement et prend tout son sens, bien aidé par une production « live » irréprochable que le groupe est allé s’offrir pour la première fois outre Atlantique, sous la houlette de John Congleton (Explosions in The Sky, The Roots…) au Studio Electrical Audio de Chicago.
Fort d’une inspiration à son apogée et d’une maitrise à son comble, Papier Tigre déroule alors avec la plus grande cohérence des morceaux alambiqués (peut être la marque Room 204 sur « This And That And More Of This And That »), au devenir souvent imprévisible (« I’m Someone Who Dies », « Teenage Lifetime »), tous interprétés avec un naturel bluffant, qu’ils paraissent faussement simples – une certaine notion du minimalisme (« Chimera ») – ou qu’ils se laissent aller à de soudaines impulsions (« Home Truth ») – presque des toc – responsables du joli relief dessiné au fil des dix titres de ce disque. Ainsi, pour la première fois vraiment, le trio époustoufle au point qu’on n’ose plus céder au jeu des comparaisons, pour mieux l’auréolé d’une intemporalité certaine. Alors, comme on écoute encore « Papier Tigre » et « The Beginning And End Of Now« , parions donc chemise et pantalon que la cloche n’est pas prête de sonner la fin de « Recreation ».
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