13 Jan 12 Mein Sohn William – « Mein Sohn William »
Album
(Ici d’Ailleurs)
23/01/2012
Folk rock noise
Pendant que la musique n’en finit plus de se lisser, de perdre de sa valeur en devenant un petit caprice accessible à n’importe quel égo démesuré, Mein Sohn William – appelé plus communément Dorian Taburet par famille et amis – n’en finit plus de délimiter et préserver son propre espace de liberté, ou on le voit depuis trois ans laisser libre cours à la moindre de ses envies, sans chercher à répondre à la moindre tendance, au moindre formatage, en soignant constamment une approche aussi originale qu’imprévisible. « Je fais ce que je veux et m’aime qui veut« , tel pourrait ainsi être l’adage de ce rennais au robinet d’inspiration grand ouvert qui, avec une démo comme seule arme de conviction jusqu’alors (« Orchestre National »), passe enfin aux choses sérieuses avec un premier album éponyme bien à son aise au sein d’un label qui lui sied à merveille.
Constamment au four et au moulin, poussé par une folie créatrice et son énergie communicative, Mein Sohn William tient depuis toujours les obligations d’un trio à lui tout seul, faisant de son one man band – format de plus en plus récurrent – le plus en vue de l’hexagone. A coups de guitare acoustique et de quelques pédales soutenant un chant aux multiples possibilités, cet intenable breton érige alors chacune de ses compositions comme bon lui semble, superposant ou épurant les pistes à son gré, jusqu’à rappeler les ambiances chères au folk bancal et bricolé de Gablé, comme à la noise artisanale à laquelle Piano Chat s’adonne lui aussi parfois.
Convaincant en live, mais jusque-là confronté à la difficulté de rester objectif sur sa musique, et surtout de la canaliser quand on est plutôt de nature à ne pas l’être soi-même, Mein Sohn William n’avait donc plus qu’à enfoncer le clou sur disque à l’occasion de son entrée dans le grand bain. Parfois au bord de la noyade parce qu’on ne se refait pas après tout (« The Jazz Hot »), cet hyperactif – fidèle à lui-même – n’a donc pas rechigné à se mouiller, à prendre les risques inhérents à son registre si particulier. Avec au bout du compte, la belle récompense d’un album innovant et cohérent, frais et rassurant, qui aligne même quelques titres de haute voltige (« Until The End », « Million Thousand People », « Carbonnade ») scellant pour de bon l’intérêt à porter à ce garant d’une musique saine et sauve.
En écoute
« Until The End »
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