09 Juin 10 Lorn – « Nothing Else »
Album
(Brainfeeder)
14/06/2010
Dubstep
Deru, Dorian Concept, Nosaj Thing… Tous auront parfaitement balisé le terrain de la bass music, ce nouveau courant aux frontières du dubstep et du hip hop qui frappe la scène electro, et conjugue les multiples possibilités offertes par le beat et la basse, les deux éléments cruciaux de leur musique. Derrière ce phénomène grandissant, le label Brainfeeder, fondé par Flying Lotus, s’est appliqué depuis quelques années à sortir quelques talentueux producteurs de l’ombre, tous extirpés du riche cru californien. Tous, sauf un: du haut de ses vingt trois ans, Lorn vient de l’Illinois, et signe avec « Nothing Else » le deuxième album de sa discographie, le deuxième aussi d’un catalogue déjà unanimement reconnu comme gage de qualité.
Musicalement donc, le bonhomme a trouvé oreille à qui parler tant ce nouveau disque s’enfonce généreusement dans le dubstep le plus sombre et brutal qui soit, sans aucune fissure qui puisse laisser entrer la lumière et venir casser l’ambiance généralement indus, voire rock, que l’Américain aime faire planer ici. Totalement opaque, « Nothing Else » est une longue plongée intense et hypnotisante qui, au fur et à mesure qu’elle progresse, laisse agir la pression sur vos boyaux, littéralement vrillés par des basses qui se ressentent autant qu’elles ne s’entendent.
Mais basse à fond ne rime pas forcément avec bas du front. Ici, nombreux sont les titres soulignant le talent et l’intelligence de ce génie. Parmi eux, « None An Island » et l’indéboulonnable suite centrale « Void 1″/ « Void 2 », inventorie parfaitement l’arsenal que Lorn s’est peu à peu constitué malgré son jeune âge: beats francs du collier, richesse des textures, omniprésence des mélodies de premier ou second plan, sont les armes qu’il déploie le plus facilement, privilégiant l’une ici (la rythmique sur « Army Of Fear », « Automaton » et « Tomorrow »), l’autre là (textures et mélodies sur « Bretagne », « Glass & Silver » et « Cherry Moon »), avec une constance bluffante dans la justesse et le bon goût.
Pensé, « Nothing Else » l’est jusque dans la longueur des titres: un perfectionnisme que peu de bidouilleurs de chambre parviennent à toucher du doigt lors de leurs plaisirs musicaux solitaires. Lorn, lui, les distance à grandes enjambées, et se montre même assez convaincant pour imposer son mal-être au plus invétéré des claustrophobes, à qui il fait la promesse d’une lumière surgie des plus noires profondeurs. Et il la tient: « Greatest Silence » et « What’s The Use », les deux morceaux qui clôturent l’album, laissent entrevoir la vie, le bleu de la surface, peut être un de ces arcs en ciel qui surgissent une fois l’orage passé, quand il ne reste que l’odeur de chaude humidité. Vite, la suite de l’histoire…
bluevelvet
Posted at 15:23h, 10 juinVous pouvez gagner des cds dédicacés du nouvel album « Nothing Else » sur 7digital.com/fr ! http://bit.ly/9zx6BZ
Agibi
Posted at 23:01h, 15 juinj’adore ce disque et je suis quasiment unanime avec la chronique!
Old bear
Posted at 17:52h, 02 septembreA mon sens, meilleur album de 2010. Je n’avais pas pris une claque comme ça depuis bien des années.