31 Mai 12 Liars – « WIXIW »
Album
(Mute)
04/06/2012
Pop electronisante
Seulement deux clips balancés sur le net auront suffi à Liars pour annoncer un virage bien plus synthétique que sur ses précédentes productions. Toujours prompte à innover, la formation prend ici tout le monde à contre-courant en élaborant la passerelle idoine entre « Kid A », le meilleur de Radiohead, et « Church With No Magic » de PVT. À l’instar de ces deux chefs d’ œuvre, la base électronique sert au mieux l’identité sonore des new-yorkais, toujours présente à travers leurs structures répétitives, tribales, à même de se substituer à tous paradis artificiels.
Autour du chant léthargique d’Andrew Angus, « WIXIW » nous plonge dans une torpeur dont on ne voudrait jamais s’échapper. Sans cri, sans ampli poussé à bout, Liars n’y perd paradoxalement aucune intensité. Au contraire, il se dégage de cet album une moiteur étouffante au fur et à mesure que de nouvelles consonances y deviennent perceptibles. La voix – coupée, salie, bouclée, intégrée aux claviers – sert d’instrument et dégage une nonchalance malsaine. Ce nouvel exercice de style confirme toute la propension des New Yorkais à varier les registres avec un talent dingue, du dansant « N°1 Against The Rush » à la mélopée « Who Is The Hunter », en passant par l’hypnotique titre éponyme ou « Flood To Flood ».
Liars évoque les fantômes de Suicide, Gary Numan, Boards of Canada, Kraftwerk, comme les siens avec un « Brats » en guise de suite à « Sisterworld » qui ne déplairait pas au Von Südenfed de Mark E. Smith. Pour autant, le groupe ne tombe jamais dans la redite et établit, titre après titre, un nouveau pan de la musique moderne. Il se permet ainsi de composer avec intimité et grandiloquence, lyrisme et introspection, lumière et apocalypse. Rares sont les œuvres aussi nuancées. De plus, aussi avancé soit-il, le processus de création et de production – inhabituel chez Liars – apporte à l’album une spontanéité jouissive, abstraite de tous dogmes.
Cérébral et physique, « WIXIW » touche autant la tête que les tripes. Prophétique, clairvoyante mais trop brève, cette parade funéraire a le mérite de nous laisser morts de faim après une déambulation irrésistible. Cet album te donnera la lucidité nécessaire pour aller balancer ton mépris, un casque sur la tête, à la face transparente de tes collègues sans vie, eux qui pensaient te faire plaisir en abordant le dernier Taratata autour de la machine à café. Puis, tu passeras une dernière fois la porte de ce purgatoire, satisfait de t’être arraché à cette laborieuse agonie qui n’avait que pour seul mérite de voir tes parents heureux de ton insertion dans la société.
En écoute
lara
Posted at 21:57h, 31 maimais quelle classe cette chronique.
et quelle claque, ce dernier paragraphe.
clap clap !
chRisA
Posted at 08:06h, 02 juinC’est quoi Taratata? 🙂
Revisitez la discographie complète des LIARS – un groupe exemplaire en terme de réinvention sonore – et promis, y a pas d’mensonges l’dedans.