Leila – « U&I »

Leila – « U&I »

leila180Album
(Warp)
23/01/2012
Electro

Tous ceux qui connaissent l’exigence de Leila ne seront pas étonnés d’avoir eu à patienter quatre ans pour écouter la suite de  »Blood, Looms & Blooms ». À l’époque, la productrice dévoilait un album electronica à l’onirisme soutenu par les voix enlevées de Lucas Santucci, Terry Hall et Topley-Bird. Pour 2012, la productrice a choisi le contre-pied, et délaisse cette facette naîve pour construire un édifice post-gothique qui laissera du monde sur le carreau. Aux oubliettes, les célébrités et les associés de toujours. L’Iranienne prend des risques et livre pourtant son album le plus abouti.

Nul doute que la rencontre avec Mount Sims (producteur, DJ, collaborateur de The Knife) fut déterminante pour concevoir  »U&I ». À quatre mains et une voix, le duo plonge dans des textures d’un anachronisme déconcertant pour en tirer la quintessence de l’électronique. Paradoxalement, plutôt que de chercher les bases d’un son nouveau, Leila semble revenir à ses premiers amours, Aphex Twin notamment. Mieux encore, l’album est difficile, et si les premières écoutes s’avèrent éprouvantes, il ne révèle ses véritables ovnis qu’une fois bien digéré.

Ainsi,  »Eight »,  »Colony Collapse Disorder » et  »Boudica » sont trois tubes d’une profondeur dingue. À l’instar de Battles et de Gary Numan, l’entente entre duo fonctionne à merveille, et la voix du producteur américain se perd avec succès dans les méandres de leur carte son ( »All Of This »,  »Welcome To Your Life »). Pour approcher une telle perfection, une noirceur si enivrante, il faut probablement remonter à  »Church With No Magic » de PVT. Deux ans se sont écoulés entre les parutions de ces deux albums, et il y a gros à parier qu’ils resteront tous deux comme les pierres fondatrices de la décennie.

De ses atmosphères fantômatiques naissent la réconciliation entre l’homme et les machine. Jusqu’à la conclusion   »Forasmuch »,  »U&I » offre les bases d’une nouvelle ère musicale, utilisant les recettes de l’eletronica, de l’IDM et du dubstep pour bâtir une nouvelle cathédrale, la bande-originale d’un siècle qui n’en finit plus de se réinventer. Il nous aura fallu douze ans pour que le bug de l’an 2000 ait lieu, c’est Leila qui le signe et les incrédules qui nieront l’importance de l’évènement brûleront à jamais dans les flammes de l’apocalypse maya.

Disponible sur
itunes32


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