Justice – « Audio Video Disco »

Justice – « Audio Video Disco »

just180Album
(Because/EdBanger)
24/10/2011
Electro

Ces deux dernières années, à aucun prix on aurait aimé être à la place de Justice alors que le duo s’affairait à offrir une suite à « « , un premier album qui n’a pas vraiment laissé le Monde comme il l’avait trouvé et qui, au passage, s’était même payé l’incroyable luxe de rappeler à tous ceux qui l’avaient oublié depuis Daft Punk, que la France était une terre fertile en musique électronique. Avec leur force de frappe telle que tout être vivant sur cette Terre fut plus ou moins forcé de s’y plier, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay étaient particulièrement attendus alors que l’heure de la revanche sonnait. En face, on avait déjà revêtu les casques, fermé les volets, placé les snipers sur les toits, persuadés que les deux parisiens allaient de nouveau sortir l’arsenal. C’était sous estimer leur souplesse à se sortir de l’étau pourtant particulièrement resserré qui leur interdisait, d’une part une simple réplique du précédent séisme, d’une autre la faute de goût fatale.

Jusqu’à saisir au vol l’occasion d’écouter ce « Audio Video Disco » dans son intégralité, on ne possédait d’ailleurs aucune garantie que Justice allait parvenir à l’exploit de pondre un deuxième album aussi bon, bien que différent de son prédécesseur. C’est pourtant le cas. Non pas que cette nouvelle salve se démarque de « † », juste qu’elle n’en a gardé que les armes indestructibles: le groove, la mélodie, et la bonne humeur, tout ce qui fait que Justice possède cet incroyable pouvoir de transformer le kitsch et le ringard en une potion magique, aussi actuelle que fédératrice. Au placard donc les turbines over compressées devenues cette marque de fabrique dont les plagiaires devront désormais se dépatouiller. Trop 2007 tout ça. Place à la puissance maitrisée, au positivisme, au grand air, aux grands espaces (« Ohio », « Brianvision »). Place à la pop, au disco, même au rock progressif, que ces deux blousons noirs s’amusent plus que jamais à electroniser (« Parade »).

Rien de jamais trop propre pour autant: Augé et De Rosnay ont des coeurs de rockeurs (« Canon »), soignent les détails sans perfectionnisme exagéré pour conserver toute l’âme de leur musique. Ainsi cette fois, sans totalement tourner le dos à « † » dont on retrouve quelques réminiscences (l’entame empirique qu’est « Horsepower »), en faisant appel à des voix sans forcément pousser l’opportunisme jusqu’à répéter « D.A.N.C.E. » à l’infini (le single « Civilization » bien meilleur ici que lorsqu’il est affublé de trois bandes), ils jouent plus qu’ils ne samplent, se sifflent peut être plus qu’ils ne se dansent (« On’n’On » et son riff de synthé imparable, le funky « Helix »).

Aussi, au détour de quelques titres, on peut même ressentir l’influence qu’ont pu avoir quelques collaborations durant les quatre ans qui séparent ces deux albums, notamment celle avec Jamaica qui plane – inconsciemment peut être – au dessus de « Newlands ». Une illustration parmi tant d’autres confirmant que Justice ne s’éclaire plus seulement à la lueur de sa croix, qu’il agite désormais au bout de ses fusils d’éclatants drapeaux blancs désarmant d’un seul geste les critiques qui avaient déjà le doigt bien posé sur la gâchette. Voilà une pirouette qui fera date.

En écoute

Disponible sur
itunes24


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7 Comments
  • Tweek
    Posted at 22:33h, 18 octobre Répondre

    Elle fait plaisir cette chronique! Petit rayon de soleil dans ma soirée de merde, je file écouter ça.

  • Limma Recha
    Posted at 08:35h, 19 octobre Répondre

    « transformer le kitsch et le ringard en une potion magique » ça c’est super bien vu, car c’est vraiment leur marque de fabrique.
    Super critique, pour super album !

  • Ben
    Posted at 13:53h, 21 octobre Répondre

    Savez-vous ce que « empirique » veut dire?

    • Jm
      Posted at 18:21h, 21 octobre Répondre

      Je me suis posé la même question…

  • Limma Recha
    Posted at 20:38h, 21 octobre Répondre

    Empirique : qui s’appuie sur l’expérience, dans le cas présent s’appuie sur l’expérience ou plutôt les « travaux pratiques » du 1er album. C’est une façon de voir les choses, mais je trouve que ça le fait bien. Matthieu c’est ça ? ;o)

  • Max
    Posted at 09:41h, 24 octobre Répondre

    La chronique donne réllement envie de se plonger dans ce nouveau disque… et Oui, il est tout bon ce disque.

  • Entropyk
    Posted at 00:55h, 29 octobre Répondre

    Pas aime du tout. Ca m’a rappele l’immonde rock FM des 80s. Rechauffe et indigeste.

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