07 Mar 10 Gonjasufi – « A Sufi & A Killer »
Album
(Warp)
08/03/2010
Post hip hop
Attention ovni. Rayez de votre mémoire tout ce que vous avez pu entendre jusqu’à présent, laissez tomber le recours systématique à la comparaison: Gonjasufi, nouvelle égérie Warp déjà croisée sur « Los Angeles » de Flying Lotus, va sérieusement remettre en question votre propre notion de la musique actuelle et lui ouvrir de toutes autres perspectives. Déjà auteur de quelques albums autoproduits qui auront convaincu The Gaslamp Killer de lui produire la majorité de son disque, ce californien totalement mystique frappe donc un grand coup, et profite de la sortie mondiale de « A Sufi & a Killer » pour dépeindre publiquement un univers musical hallucinogène, en tous points atypique.
Avant-gardiste pour beaucoup, post hip hop pour les plus téméraires, Gonjasufi préfère envoyer bouler toutes les étiquettes en s’offrant un album qui ne se refuse rien, et qui trouve sa cohérence autant dans sa voix toute particulière, que dans son voile psychédélique de toutes les circonstances. Envoûtant, mystique, comme usé, le californien pose un pied dans la musique urbaine (le funky « Candylane »), l’autre dans les effets venimeux d’une nature désertique et aride (« Kobwebz », « DedNd »), se laisse posséder par ces deux contraires en laissant ressurgir ici un background hip hop, là un chant nonchalant comme menacé par les brûlures d’une pesante canicule qu’il connaît bien pour avoir posé sa caravane dans le désert de Californie. De là, Gonjasufi papillonne littéralement au sein de la grande sphère de la musique avec un génie qui n’appartient qu’à lui. Ainsi, on l’entend s’en prendre au blues (« Ageing »), à la soul (« Change »), à la musique du monde (« Kowboyz & Indians », « Klowds »), au lo-fi (« Holidays ») et même au jazz (« Advice »), avec une même réussite insolente qui rend sans conséquence quelques titres finalement superflus (« Love Of Reign »).
D’autant plus que « A Sufi & A Killer » cache en son sein quelques perles inégalables – « Ancestors » et « Duet » à la soul possédée, la pop de « She Gone », les charmes psyché folk de « Sheep » par exemple – qui lui font faire un grand écart encore inédit à ce jour. Cette souplesse, qui le fait même bifurquer chez Jimi Hendrix (« Stardustin' ») et Iggy Pop (« SuzieQ »), finit de l’imposer sans contestation possible parmi les artistes musiciens les plus visionnaires de sa génération. Pour cela, ce véritable premier album est d’ores et déjà un must have pour ceux qui cherchent désespérément à entendre une autre musique.
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