Foals – « Total Life Forever »

Foals – « Total Life Forever »

foals180Album
(Warner)
07/05/2010
Pop cérébrale

Avec « Antidotes » en 2008, Foals sautait à pieds joints dans la flaque, et éclaboussait le petit monde musical de son math rock tendance cold wave, assez efficace pour faire tâche d’huile et convaincre le plus grand nombre qu’il pouvait être un des grands pontes de l’indie rock façon 21ème siècle. Un statut que le combo se devait de confirmer sur un deuxième opus logiquement annoncé comme un des évènements de cette année 2010.

Des deux facettes que dévoilait ce premier disque – une très énergique voire précipitée, une autre plus calme et mieux arrangée – Foals a tranché dans le vif en privilégiant la seconde, quand la majeure partie de son public attendait surtout de nouvelles déflagrations dansantes. « Total Life Forever » a beau en contenir quelques-unes (« Total Life Forever », « Black Gold »), elles sont ici volontairement tempérées pour souligner le contraste du disque, et l’évolution de chacun des titres prenant, du coup, régulièrement le temps de se dessiner au delà des cinq ou six minutes: un point commun à tous ces groupes majeurs et exigeants, qui considèrent plus volontiers la nature de leur musique que son format. Parmi eux, on citera volontiers Battles, Radiohead, ou LCD Soundsystem – comparaisons savonneuses mais fondées à entendre respectivement l’intro de « Miami », « 2 Trees » et « This Orient » – desquels Foals se rapprochent ici ou là. Au moins sur le fond.

Forcément, cette nouvelle approche n’est pas sans égratigner l’efficacité générale du Foals version 2010. A l’exception des très accessibles « Miami » et « This Orient », « Total Life Forever » n’a effectivement pas de hits immédiats façon « Cassius » ou « Balloons », et préfère laisser ses expérimentations rayonner progressivement au fil des écoutes (« Alabaster »). Alors, les Anglais dévoilent tranquillement leur nouveau visage, celui d’un groupe débarrassé de la pression mise sur ses épaules par un premier album acclamé, et qui s’exprime librement devant une nouvelle feuille blanche à noircir. D’où les quelques changements opérés sur cet album: les énormes efforts de production (« What Remains »), l’ambiance étonnamment calme, cette nouvelle façon qu’à Yannis Philippakis d’appréhender le chant, avec beaucoup plus de nuances maintenant qu’il n’est plus pris à la gorge par infatigables cavalcades.

En perpétuelle évolution, Foals ne manque pas de s’affirmer avec cet ambigu « Total Life Forever » qui, au risque de ne pas faire la même unanimité que son prédécesseur, affiche franchement de nouvelles et honnêtes ambitions: faire avancer sa musique au gré de ses envies, sans autre considération que son seul épanouissement. Car Foals fait de la musique pour lui avant tout et, à la différence de nombreux autres groupes, a la chance que les mélomanes lui rendent bien. Ce sera une nouvelle fois le cas ici, et plus encore après quelques semaines d’écoutes répétées… et méritées!

En écoute

Foals – « This Orient »

Foals – « Spanish Sahara »

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8 Comments
  • Manu Teriaki
    Posted at 14:20h, 04 mai Répondre

    Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!!!!!!!!!
    Le nouvel album de Foals était certainement l’un des albums les plus attendu de cette année 2010. Effectivement « Antidotes » était certainement le remède d’un math rock parfois trop classique. Ils avaient donc su marquer les esprits avec un math rock frais teinté de cavalcades limits zookés et d’uine rythmique afro beat assez énorme.
    Contrairement à ce qui est évoqué dans l’article précédent, Foals ne s’est pas débarrassé d’une quelconque pression. Bien au contraire!!! Le premier album est d’abord sorti dans un anonymat classique mais a vite été rattrapé par la presse, faisant d’eux les nouveaux chouchous de la scène anglaise.

    Or depuis cela, Foals est devenu l’un des groupes les plus en vogue du moment, autant aimé par les treenagers hype à casquette fluos que les vieux de la vieille fan de noïse et d’éthique rockienne.
    Du coup Foals a mukltiplié par 5 son taux de visite myspace (passant d’un bon million à plus de 6), tout cela en nes ortant aucun disuqe et en ne jouant que très peu.

    Si ça c’est pas du buzz!

    Du coup je pense que la pression sur cet album était énorme. Ceci expliquerait donc la « Sigur ro-isation » de Foals.
    Des morceaux taillés pour un groupe adulte joués par un groupe de petit jeune.
    Ainsi grandiloquence et effet de style à 2 francs six sous sont présent sur chacun des morceaux. M^me si les bonnes idées sont souvent de mises, elles sont aussitôt envoyées au tapis par un groupe trop fier de lui m^me et qui se regarde jouer.
    This orient prend donc des allures de vieux tubes façon 90’s (hey, c’est bon my bloddy Valentine rejoue, ca fait un peu groupe de bal provincial que de vouloir « jouer comme MBV »)
    Spanish Sahara sera peut être le morceau le moins mauvais de cet album m^me si celui ci ne colle pas vraiment au groupe.
    Après les vaoir vu sur scène au Trabendo le mois dernier, je confirme tout ce qui est cité plus haut. Foals est sous pression à mort, joue des morceaux encore trop mature pour eux (très drîole le passage de Spanish Sahara quand Yanis chante « i’m a fury in your head, i’m a fury in your bed » alors que tout le groupe est encore en plein pb de peau!)
    Du coup le set peine a fonctionné avec les nouveaux morceaux.
    Ainsi, le groupe cessera de jouer les nvx titres pour balancer toute la fougue et la folie qui leur va si bien sur une 2ème partie de set où on les sentait plus en phase avec eux même/
    J’espère me tromper, mais Foals est mort! … vive Foals?

  • RudeFatigue
    Posted at 15:46h, 04 mai Répondre

    Plutôt d’accord avec Manu.
    J’ai été d’abord surpris, puis vraiment déçu par Total Life Forever. Il y a quelques bon passages dans ce nouvel album (Spanish Sahara est effectivement probablement le meilleur titre – musicalement parlant, je ne me prononcerai pas sur les textes…), alors qu’il n’y avait que ça dans Antidotes !
    Bien que je sois vraiment fan du premier album, je peux tout à fait comprendre le changement d’orientation, j’aurai même pu l’apprécier (j’écoute 1000 choses plus calme qu’Antidotes), mais là, pffff ce qu’on s’ennuie… c’est vraiment ultra lisse, c’est chiant en fait. L’atout principal de Foals était l’innovation, c’est ce qu’on attendait d’eux, peu importe le registre. Et bien c’est vraiment raté… Je me ferai mon avis définitif en live cet été…

  • matthieu
    Posted at 16:09h, 04 mai Répondre

    Persistez Messieurs… Je trouve vraiment que les morceaux se révèlent sur la longueur. J’ai aussi partagé votre avis. C’est juste que cet album là est moins accessible, plus subtil je trouve. Enfin, cette chronique, ce n’est qu’un seul avis, donc à prendre comme telle. Bonne écoute

  • RudeFatigue
    Posted at 17:08h, 04 mai Répondre

    C’est ça mon problème : je l’écoute depuis le 20 mars, plusieurs fois par semaine…

  • (thomas)
    Posted at 11:51h, 05 mai Répondre

    Trabendo, 15 avril dernier, un concert décevant de Foals déroute. Durant celui-ci, le groupe tente de faire passer la pilule des nouveaux morceaux mous en nous resservant la jouissance, cette fois-ci simulée, des envolées tubesques du premier album « Antidotes ». A la sortie, de jeunes fans apportent toutefois des paroles d’espoir aux déçus grincheux : « Il faudra juger le nouvel album dans sa totalité ».

    Le tant attendu «Total life forever », pré-vendu comme l’album de la maturité pour de jeunes gens qui ont à peine atteint la leur, débute par une trilogie groovy-funky, qui fut d’ailleurs interprétée sur scène avec alors beaucoup d’approximation dans le jeu. En milieu d’album apparaissent les premiers morceaux dévoilés jusque là et le mauvais single « This orient ». La fin du disque sonne plutôt comme des recherches musicales, moins abouties et pas toujours très originales.

    « Blue Blood » ouvre l’album avec un arpège pour berceuse et une déclamation presque parlée, avant qu’une basse funky n’accélère un peu l’ambiance, jusqu’à un refrain chargé de chœurs groovy. Des images d’archives de « La croisière s’amuse » en ferait un excellent clip. Le morceau s’étire ensuite avec un redoublement peu inspiré des chœurs et un soupçon de guitares trémolo façon Electric Bloom, avant de laisser la voix de Yannis conclure presque a capella.

    Plus fluide dans la composition, « Miami » enchaîne avec des qualités pour ouvrir le bal : un couplet très glamour (avec d’étranges étirements dans les phrases) rapidement suivi d’un refrain à la fois scandé, susurré et fredonné en même temps. Ca n’a rien à voir avec l’efficacité brute du premier album, mais c’est rigolo et joyeux, et la joie reste une vertu identitaire de la musique de ce groupe pourtant pas très aimable sur scène.

    « Total Life Forever », morceau qui donne le titre du disque, enchaîne sans repos sur le même rythme et le même type de construction que Miami : des couplets langoureusement racontés, suivis de refrains chantés en chœur.

    Après une intro qui semble sortir d’une séance de jam improvisé (basse et « chinoiserie » réussie de guitare électrique), « Black gold » débute avec un couplet dans la même ambiance groovy que les deux précédents. Mais le refrain introduit un sérieux dans la voix inédit jusque là, avec une intonation pas si éloignée que cela du chant d’Interpol ou presque de celui de Beach House. Bravo la production et les effets de voix, par contre ça ne va pas être facile à rejouer en live, d’où peut-être la prudence dans la play-list des concerts récents (5 nouveaux morceaux seulement joués au Trabendo). Le morceau s’étire, il faut bien laisser un peu de places à des guitares stridentes peu mises en valeur dans les précédents morceaux, tandis que les voix à l’unisson tentent en vain de nous faire frémir sur un « hit yourself , hit yourself » répété, mais Foals n’est pas ni Smog, ni Interpol, et ne nous donnera pas la chair de poule avec ce morceau que la longueur (il faudra sortir un radio édit raccourci pour la maison de disque…) ne suffit pas à rendre majestueux.

    Le cinquième titre est LE grand morceau de l’album, celui déjà entendu en live en 2009, le premier mis en écoute par le groupe et vendu sous la forme d’un 45 tours limités au Record Store Day britannique mi avril. Malgré sa lenteur déconcertante pour les danseurs avides de math-rock excité (et peut-être pour le batteur qui doit s’ennuyer ?), « Spanish sahara » est curieusement le titre le plus dans la continuité du précédent album, avec des guitares aux tremolos stridentes comme dans Red Sock Pugie ou Electric Bloom, et des ambiances synthétiques comme dans les B-sides « Unthink this » ou « Titan Arum ». C’est lent, mais prenant.

    Et puis, vlan, après la chanson douce, c’est le tour du pseudo-tube « This Orient », comme si Interpol tentait dans de reprendre « Dans un camion » de Dominique A, afin d’être à la fois artiste France Inter, repérage sur le Mouv’ et top-listé sur la radio interne de Carrefour Market. Chanson sans intérêt et qui à elle-seule discrédite l’album. L’interlude musical suivant, au piano et électro-bidouillages, intitulé « Fugue », est lui carrément ridicule.

    « After Glow » est par contre une des réussites du disque. Après les sept premiers morceaux, on commence à s’habituer à la rupture de style de Foals, qui a abandonné la transe math-rock (seules subsistent quelques tremolos de guitares par ci par là) pour désormais rechercher un étrange chaud et froid entre rythmiques groovy (à la Yeasayer) et déclamations vocales glaciales (à la Interpol). Le groupe suit cette double tentation dans la longueur de ce morceau, qui décolle comme une fusée à mi-parcours.

    Autre morceau déjà entendu sur scène en 2009, « Alabaster » retrouve un peu l’ambiance crépusculaire de Spanish Sahara, avec un petit gimmick de solo de guitare en entame qui rappelle le Foals période Antidotes. Le morceau est à la fin enrichie d’onomatopées vocalisées (« oh oh ! », déjà présents sur l’envolée du morceau précédent), de percussions métalliques (type tambours du bronx) et s’évanouit lentement.

    Dans «2 trees », Yannis retrouve l’ambiance feutrée du premier morceau du disque, avec cette fois-ci un timbre à la Jay-Jay Johanson durant le couplet, timbre qui vire presque au Thom Yorke sur le refrain … ? Ce garçon cherche visiblement sa voix. Le groupe tente de transposer ses structures fétiches (2/3 de chanson + une rupture + ensuite 1/3 de montée instrumentale) en explorant des textures plus synthétiques comme Radiohead dans sa période électro. Ca marche moyen.

    « What remains » accentue à l’extrême la « radioheadisation »*. Ce qu’il reste du Foals des débuts, c’est juste quelques notes de guitares pendant les 30 premières secondes. Puis Yannis se met à déclamer, toujours comme s’il voulait imiter Interpol, avant que des percussions synthétiques, des grands coups de cymbales et surtout une guitare buzzer n’entraînent le morceau sur des ambiances à la « Ok computer ». Le groupe termine en étirant le refrain en chœur avec les « oh oh » déjà utilisés. Ca aurait pu être génial, mais non : dans la catégorie « onomatopées à l’unisson », les néo-zélandais de So So Modern gagnent le match sans souci.

    Les jeunes fans croisés au Trabendo avaient raison. « Antidotes » et « Total life forever » sont à des antipodes en terme de rythmes, d’ambiances et de production. Il faut les écouter séparément, il était donc vain pour le groupe de chercher à les mélanger sur scène. Au final, « Total Life Forever » n’est pas mauvais en soi, et même plaisant à plusieurs moments, mais y aurait-on jeter une seule oreille si ce disque n’était l’œuvre des créateurs d’Antidotes ? Ce premier album avait révélé alors une énergie, une joie, une explosion inédite et savamment mise en valeur par la production de David Sitek. Le deuxième album tente par contre une synthèse plutôt inutile entre une tendance pop joyeuse déjà maintenant très visitée (Yeasayer, Menomena, …) et le revival romantique new-wave introduit il y a quelques années par des groupes comme Interpol et prolongé par Cold Cave. Leur petit coup de guitare ne suffit pas à transformer cette synthèse peu inspirée en moment de magie musicale.

    NB * je parle plus volontiers de « radioheadisation » que de « sigurrosisation comme dans le commentaire de Manu ci dessus. La « sigurrosisation », ça sera plutot pour le troisième album peut-etre en 2013 enregistré avec des renforts de cuivres et d’orchestres à cordes ???

  • zit
    Posted at 17:28h, 07 mai Répondre

    Je vais faire plus court pour ma part:
    Intéressant , changeant , me fait penser à du cure des année 85/90 et à plein d’autres trucs , 2 albums différents c’est pas plus mal en mon sens. En un mot : bien.
    persistez.

  • (thomas)
    Posted at 18:10h, 09 mai Répondre

    okay, okay, Foals a bien le droit de changer radicalement de style, et à force d’insister et de persévérer, on écoutera tous « Miami » en boucle cet été. Mais alors un mystère demeure : quitte à changer, pourquoi Yannis n’a t il pas changer sa mythique mèche capillaire ???

  • Manu
    Posted at 18:20h, 11 mai Répondre

    Impossible Thomas,
    Transgressive records a blindé le contrat depuis le 1er album. Le groupe est libre de faire ce qu’il veut avec ses morceaux mais la mèche rebelle de Yannis et la frange du clavier ne peuvent être modifier sans l’avis de l’expert-coiffeur de chez Transgressive. Ce dernier les suit d’ailleurs en tournée pour s’assurer que tout est bien respecté (densité capillaire, souplesse du cheveu, brillance générale, …)
    Il ne faut pas oublier que Foals veut dire Poulain quand même!!!
    Apparemment il en irait de m^me pour les jeans slims portés par tous les membres du groupe. Ces jeans leurs permettrait de garder leurs voix de jeunes éphèbes oxfordiens…

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