Flying Lotus – “Cosmogramma”

Flying Lotus – “Cosmogramma”

fl180Album
(Warp)
03/05/2010
Beat n’bass

C’est certainement avec envie et appréhension que tout chroniqueur s’attaquera à ce nouvel album de Flying Lotus: l’envie de partager son enthousiasme, l’appréhension de ne pas réussir à retranscrire l’oeuvre sans égal, à la fois délicieuse et complexe, de ce producteur de 26 ans, bourré de talent, encensé par le public comme par d’autres artistes eux aussi applaudis pour leurs prises de risque et leur totale liberté artistique. Qu’on se le dise alors sans attendre: “Cosmogramma” est bien plus qu’un simple disque, plutôt une oeuvre pensée dans sa globalité, jusque dans ses moindres recoins, au sein de laquelle Steven Ellison peaufine minutieusement une cohésion trouvée dans cette spiritualité qui l’alimente depuis sa première expérience extra corporelle alors qu’il était adolescent. Depuis, Flying Lotus est tel un prophète, un chanceux toujours en avance sur son temps, missionné pour venir servir au monde cette musique du futur qu’il entend systématiquement avant tout le monde.

Comme chacun de ses prédécesseurs, “Cosmogramma” ne fait pas exception: l’immense technique y est belle et bien là, mais rendue cette fois plus digeste par une approche beaucoup plus musicale et profonde que Flying Lotus est allé chercher dans une nouvelle méthode de travail, des moyens plus importants, et des contributions extérieures qui lui auront offert relief, et second souffle d’inspiration après qu’il ait jeté les premières bases. Parmi elles, l’omniprésent Stephen Brune (bassiste de Sa-Ra Creative Partners et Young Jazz Giants) remarquable en diverses occasions, le saxophoniste Ravi Coltrane, les chanteuses Laura Darlington et Niki Randa, la harpiste Rebekah Raff, le producteur Dorian Concept, et quelques cordes toujours justes dans leurs interventions.

Il en résulte une longue déclinaison des multiples possibilités offertes par le beat n’bass, ce genre musical que certains adeptes préfèrent appeler bass music plutôt que dubstep, le terme étant devenu beaucoup trop réducteur pour un artiste qui s’y imposa en maître il y a deux ans, et qui repousse considérablement ses limites aujourd’hui. Effectivement, à entendre les quarante-cinq minutes que se partagent ces dix-sept titres déballés tout de go, sans aucun temps mort, Flying Lotus ne se refuse rien.

On traverse ainsi d’éclatants passages electro hip hop (“Zodiac Shit”), d’autres plus electronica (“And The World Laughs With You – feat Thom Yorke” comme échappé de “Kid A”), en passant par quelques bouffées d’oxygène jazzies (“Arkestry”, “German Haircut”), clins d’oeil pop futuriste (“MmmHmm”), et house music efficace (“Do The Astral Plane”). Alors, tout en restant le chaînon manquant des musiques urbaines américaines et britanniques, tout en jurant fidélité à ce subtil mélange de hip hop psyché, de soul et d’electro bien colmaté par une approche improvisée héritée du jazz, Flying Lotus continue d’écrire son histoire au marker indélébile. L’histoire aussi, assurément.

Disponible sur
bleep


1 Commentaire
  • Jm
    Posté à 19:55h, 12 janvier Répondre

    Je conseil à tous ceux qui ont acheté Cosmogramma (vinyle, CD, mp3) d’aller vers un tour par là: flying-lotus.com/trigger

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