Eskmo – « Eskmo »

Eskmo – « Eskmo »

eskmo180Album
(Ninja Tune)
04/10/2010
Bass music

Attention, cet album est un véritable nénuphar dans la mare électronique. Vous qui êtes à l’affût des nouveaux sons, ne cherchez pas plus loin que cette nouvelle signature Ninja Tune, même si Eskmo fait partie des prétendants au titre de celui qui mélangera le mieux dubstep, hip-hop et electronica pour en faire un truc deep au possible, loin des méga basses habituelles qui font vibrer les boyaux. Si on devait synthétiser sa musique à travers quelques références, disons que ce premier album est plus organique, profond et incisif que Flying Lotus, Dorian Concept et Burial sur un tourniquet. Mais tout laisse penser que d’ici quelques mois, Eskmo fera partie des incontournables en question, grâce à cette indispensable enjambée vers le long format succédant à une poignée de maxis remarqués sur les labels Cyberfunk Records, Warp, Planet Mu ou son propre label Ancestor.

A l’écoute de l’album, on se sent comme coincé dans une prison première classe, avec petits fours à volonté, oreiller moelleux et hôtesse qui vous chatouille les pieds: une sensation à la fois agréable et presque pénible tellement on a du mal à cerner sa musique à la première écoute. Mais, dans cette cellule, on s’y sent finalement à l’aise, bercé par le chant vocoderisé d’Eskmo qui fait plus que jamais intervenir sa voix dans ses productions, au risque que ça ressemble parfois à un simple assemblage de quelques mots significatifs. Une nouveauté qui contribue largement au tempérament du disque, puissant et homogène. Prenez « Cloudlight », un morceau extrêmement précis, qui pénètre les pores avant même d’être absorbé par les tympans. Entre ambient et dubstep, cette intro annonce une météo lumineuse pour le reste du voyage. Aussi électrique qu’un bon titre de Clark, « We Got More » pourrait décoller plus haut avec son gros beat midtempo et vient confirmer que la musique d’Eskmo, c’est celle que l’on écoute torse nu sous une veste en cuir, en contact direct avec la matière.

Malgré quelques réalisations un peu brouillonnes, le producteur confirme tous les espoirs placés en lui. « Color Dropping », c’est de la chirurgie esthétique pour abstract hip-hop, une beauté dérangeante que l’on retrouve sur le groove mathématique de « We Have Invisible Friends (Washed mix) » ou sur « The Melody », une production léchée et saccadée à la frontière du glitch. « Become Matter Soon, For You » ne semble garder que le squelette et les viscères pour imager une rencontre sonore entre solide et liquide. Les cuts habilement placés du massif « Starships » procurent une douce sensation d’engourdissement cérébral, et Eskmo fait d’autant plus preuve d’inventivité sur la ballade onirique « My Gears Are Starting To Tremble ». Pénalisé par sa rythmique endurcie et hasardeuse, l’excellent « Moving Glowstream » avance avec un boulet au pied, avant d’être ponctuellement libéré par une salve de synthé salvatrice. Enfin, le racé « Gold & Stone » est l’un des éclatants sommets de l’album, dégageant une lueur rougeâtre à travers vos enceintes… Alors? Qui dit mieux?

Disponible sur
itunes5



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