05 Sep 12 Dinosaur Jr – « I Bet On Sky »
Album
(Pias)
17/09/2012
Indie rock inaltérable
Depuis bientôt trente ans qu’il est apparu pour la toute première fois, Dinosaur Jr aurait pu saisir moultes occasions de dévier de sa marque de fabrique qui, avec le temps et à la veille de chaque nouvel album, l’a toujours rendu prévisible. Il ne l’a jamais fait, y compris en 2005 quand il mettait fin à huit années d’absence. Tout juste J Mascis, Lou Barlow et Murph auront offert quelques variantes à leur indie rock. Aussi, le trio aurait pu lasser son public. Malgré quelques aspects parfois répétitifs, il n’y est jamais parvenu non plus, la faute à son charismatique frontman qui, en chantant et jouant de la guitare comme personne, aura toujours servi de garantie indéfectible au style Dinosaur Jr. Autant dire qu’il était inutile d’attendre une quelconque innovation de la part de ce « I Bet On Sky », nouvel et dixième album forcément symbolique.
Le trio a beau tenter la surprise avec les quelques notes de synthé en ouverture du disque, le fan ne tombera pas dans le panneau, et pourra même lui rétorquer à raison qu’elles n’étaient pas indispensables au regard de la force mélodique de « Don’t Pretend You Don’t Know ». Celle qui, constamment facilitée par le jeu simple de Murph, jaillit une nouvelle fois à chacun des titres (« Watch The Corners », « Almost Fare », « See It On Your Side »), y compris quand Lou Barlow supplée Mascis à deux reprises (le surprenant « Rude », « Recognition ») sans jamais altérer la cohérence de ce qui restera sans aucun doute un jour comme un des meilleurs albums du groupe. C’est dit. En 2012, Dinosaur Jr joue sur les nuances et les rythmes (l’énergique « Pierce The Morning Rain » répond à la balade « Stick a Toe In »), varie les plaisirs au sein même d’un spectre dont il connait le moindre recoin, et implore inlassablement ces sacro-saintes mélodies électriques qui embarquent bon gré mal gré jusqu’à ce que Mascis les ponctue quasi systématiquement d’un solo aussi jouissif qu’attendu.
Plutôt que de se perdre et frôler le pathétique comme de nombreux autres rockeurs à bouteille, Dinosaur Jr dépoussière, lustre sans cesse ici son statut de groupe culte renforcé chaque fois qu’un morceau s’achève. Forts d’une osmose qui semble ne jamais avoir été si forte, les trois sont la preuve vivante que, avec beaucoup de talent, le rock dans son plus simple appareil peut faire mieux que seulement résister au temps: il peut aussi le dicter
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