16 Mar 11 Delicate Steve – « Wondervisions »
Album
(Luaka Bop)
25/01/2011
Pop futuriste
C’est pour découvrir des artistes comme Delicate Steve que nous réactivons tous les matins avec envie les turbines de Mowno. Précédé d’aucun buzz, conseillé par aucun des médias influents, qu’ils soient mainstream ou spécialisés, ce « Wondervisions » nous arrive aux oreilles par le plus grand des hasards, souffle un vent frais sur nos petites écoutes quotidiennes du moment, et va même jusqu’à révéler son auteur au plus grand nombre. Et le plus fort dans tout cela, c’est que Steve Marion ne l’a jamais cherché.
En à peine un mois, ce natif du New Jersey s’est enfermé seul chez lui, au milieu d’une quarantaine d’instruments qu’il maitrisait à peine pour la plupart, et qu’il pouvait alors utiliser à sa guise. Motivé à l’idée de savoir de quoi il était capable sans l’aide de quiconque, et frappé par une inspiration à laquelle il peine encore à croire aujourd’hui, il est parvenu à mettre sur pied une douzaine de compositions majoritairement instrumentales, variées mais cohérentes, subtiles et rayonnantes, avec cette pointe constante d’expérimentation qui attise la curiosité et évite de venir marcher sur les plates bandes des nombreux autres adeptes du home studio.
Comme chapitré par trois interludes (« Source » sous-titré en « Connection », « Construction », et « Bridge »), « Wondervisions » décline alors les envies d’un Delicate Steve qui ne se refuse jamais rien. Suivant l’humeur, il y façonne des riffs électriques à la Ratatat, les mélange aux synthés (« Wondervisions »), puis les propulse, ici sur une rythmique math pop façon Battles (« Welcome-Begin »), là dans une ambiance africaine/tribale plus posée, comme pour laisser le temps à chacune de ses notes de coudre des mélodies irrésistibles (« The Ballad Of Speck And Peble », « Sugar Splash », « Don’t Get Stuck Proud Elephants », « Flyin’ High »).
D’ailleurs, à ce petit jeu, il s’offre même le luxe de pousser jusqu’à l’excellence sur un « Butterfly » au goût tropical, si jovial et léger qu’il s’invite d’ores et déjà parmi les plus beaux morceaux de l’année. Et pour cause, c’est peut-être le titre qui représente le mieux son auteur, son aisance de compositeur, comme ses principales influences au moment de mettre ce disque au monde: Dirty Projectors, Ponytail, Ratatat, Fela Kuti, comme certainement Animal Collective. Autant de groupes qui, s’ils cherchaient encore une raison à leur existence, savent désormais qu’ils auront contribué au réveil d’un génie bidouilleur et multi instrumentiste de 23 ans, au devenir plus que certain. Vivement la suite.
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