Danny Brown – ‘Atrocity Exhibition’

Danny Brown – ‘Atrocity Exhibition’

Album / Warp / 30.09.2016
Hip hop

Danny Brown est un mauvais patient. Mal soigné et mal conseillé, il raconte depuis trois albums son isolement et ses lendemains de soirées épouvantables, ou sa personnalité pétrie de contradictions s’empêtre dans les affres d’une défonce en guise de remède éphémère. C’est cette illusion qui habitait toute la deuxième partie de ‘Old‘, son album précédent sur lequel le rappeur de Detroit posait son malaise sur les productions d’A-Trax et de Rustie avant de s’en retourner à ses addictions.

Avec ‘Atrocity Exhibition’, son quatrième album et le premier pour Warp, Danny Brown prolonge son malaise existentiel au sein d’un disque qui incarne mieux que jamais son état d’esprit véritable. Aucun tube potentiel ne se dessine au sein de cet album en spirale qui cultive des productions psychédéliques, ou le malaise est palpable et la folie toute proche. Épaulé par le londonien Paul White responsable des trois quarts de l’oeuvre, Danny Brown chante l’abus de drogue, le sexe sans protection, et la paranoïa dès le premier couplet de ‘Downward Spiral’ qui ouvre l’album sur un beat déstructuré, ou percussions en roue libre et guitares trainantes tapissent les confessions de l’artiste.

Par la suite, l’album se décompose en petites bulles qui semblent toutes découler de cette spirale introductive, comme autant de nuances et d’aspects liés à l’attitude et au comportement autodestructeur du rappeur. La cocaïne semble repeindre les murs du studio tant sa présence est prégnante sur ces petites vignettes dysfonctionnelles qui illustrent toutes un aspect différent de l’addiction. Les samples de ‘Lost’ et ‘Dance In The Water’ évoque Madlib dans l’esprit comme dans son style brut et sans retouche, pendant que The Alchemist s’occupe de ‘White Lines’ – fausse comptine à la mélodie de prédateur – ou que Evian Christ construit un petit hymne dissonant avec ‘Pneumonia’.

Exigeant, ‘Atrocity Exhibition’ prolonge le geste amorcé sur ‘Old’ tout en allant bien plus loin dans l’expérimentation et l’absence de compromis. Pas de tubes ici, mais le portrait en clair obscur d’un artiste définitivement à part, qui a construit son œuvre la plus fascinante au contact d’une noirceur qu’il accepte et dont il tire le meilleur.

avoir

‘Really Doe’, Golddust’, ‘Pneumonia’, ‘Dance In The Water’, ‘When It Rain’, ‘Hell For It’


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