19 Août 10 Chilly Gonzales – « Ivory Tower »
Album
(Gentle Threat)
23/08/2010
Disco electronique
Gonzales est un électron libre, un des musiciens les plus affairés que la planète puisse compter, toujours capable du plus surprenant revirement de situation, refusant catégoriquement les étiquettes. De ses élucubrations hip hop avant gardistes (« The Entertainist ») à d’autres plus pop 70 (« Soft Power ») en passant par son « Solo Piano » ou son record du concert le plus long l’an passé, un rapide retour sur le travail accompli depuis ses débuts finit de faire se dissiper les derniers doutes quant à son talent et sa polyvalence. Tout cela sans compter également sur ses services de producteur qu’il loue aux plus grands (Marina & The Diamonds, Bjork, Daft Punk, Tiga, Boys Noize…), ou sur ses envies récentes de s’en aller titiller le Septième Art.
C’est d’ailleurs de là que part l’histoire de « Ivory Tower », nouvel album né de sa collaboration avec Boys Noize. Plus qu’une ligne ajoutée à sa discographie, ce disque est la première partie émergée d’un projet beaucoup plus ambitieux: il est la bande originale du film répondant au même titre (sortie prévue d’ici quelques semaines) dans lequel le canadien s’est totalement investi, de l’écriture à la production en passant par le rôle qu’il s’est lui-même octroyé aux côtés de Tiga. Tous deux y apparaissent en joueurs d’échec amoureux de la même femme (Peaches).
Gonzales ajoute ainsi une nouvelle corde à son arc, tendue entre deux points de chute que sont l’euro pop et le disco électronique, deux domaines qu’il ne s’était pas encore amusé à piétiner. Et sans surprise pour le coup, notre homme excelle, souligne une énième fois son génie musical en offrant une prestation totalement originale, aidée par le savoir faire rythmique de Boys Noize, lui aussi dans un registre très différent du sien. Tous deux armés de délicatesse, Gonzales et Alex Ridah donnent naissance à quelques très bons titres dancefloor éveillant notre intérêt plus que d’autres se rapprochant du plus classique exercice de la bande originale (« Bittersuite », « Rococo Chanel », « Pixel Paxil », « Final Fantasy »).
Ainsi, on retiendra surtout de « Ivory Tower » son entame « Knight Moves » à la disco mélancolique auréolée de cordes et de voix, « I Am Europe » à la bonne humeur aussi irrésistible que communicative, « Never Stop » dont les notes de piano rebondissent sur le beat (meilleur encore dans sa version hip hop en fin d’album), l’imparable et immédiat « You Can Dance », ou « Siren Song » et sa pop electro subtilement eighties. Sans oublier aussi quelques ovnis qu’on n’avait pas vu venir: « The Grudge » et « Crying », très similaires, hésitant tous deux entre pop et hip hop comme pour rafraichir les mémoires et rappeler toute l’aisance vocale dont Gonzales usait généreusement il y a déjà dix ans. « I try to be original, not a photocopy » dit-il. Mission une nouvelle fois accomplie.
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