Charlotte Gainsbourg – “IRM”

Charlotte Gainsbourg – “IRM”

gains180Album
(Because)
07/12/2009
Pop psyché

Charlotte a beau s’appeler Gainsbourg et avoir sorti “5.55” il y a deux ans avec les proprets Air, elle n’est encore que l’interprète du venimeux “Lemon Incest” quand le plus grand public l’extirpe du grand écran. En effet, très cohérent mais sans véritable tube, son deuxième disque en vingt ans confirmait un statut d’artiste complète mais, en sonnant un poil trop lisse et inoffensif, ne faisait qu’installer la belle actrice devant un micro: un scénario déjà lu, même si pas souvent aussi convaincant. Une fois encore, Charlotte a beau s’appeler Gainsbourg, l’ombre du grand Serge ne lui suffit pas seulement à enrôler à ses côtés un des musiciens les plus marquants de notre génération. Déjà approché pour “5.55”, mais en vain, celui qui n’a cessé de démontrer qu’il était tout autre que le “Looser” qu’il chantait en 1994, n’a cette fois pas laissé passer l’occasion.

En mélangeant la malice et l’éclectisme de Beck le compositeur insatiable, à la sensibilité et l’exigence de sa muse Charlotte Gainsbourg, “IRM” s’apprête à fermer quelques clapets. Car, à l’exception du sixties “Chat du Café Des Artistes” et des percussions récurrentes du nord de l’Afrique rappelant le “Gainsbourg Percussions”, la belle n’est plus vraiment la “fille de”, encore moins de ces potiches du Septième Art tentant le roucoulement en studio. Non, ici elle sort définitivement de cet écrin de velours dans lequel on ne cesse de l’enfermer depuis son adolescence, de ses récents artifices aussi, pour devenir à la fois perturbante et perturbée, épineuse, piquante même, sans jamais perdre de son charme ni de son élégance. Sur “IRM”, Charlotte ne se suffit pas de vernir le travail du prodige américain: par ses envies, ses réactions, les bribes qu’elle lui a tendues, Beck s’est finalement mis à son service jusqu’à devenir quasi-transparent (son touché plane quand même incontestablement sur le très bon single “Heaven Can Wait”), laissant l’inspiration venir à lui à force de simplement côtoyer sa source.

Ainsi, fortement marquée par l’hémorragie cérébrale l’ayant frappée l’an passée, la belle a, consciemment ou non, imposé une atmosphère authentique et sincère, paradoxalement sombre et légère, tout au long des treize titres d’un disque aux forts accents psyché (“Me And Jane Doe”), qui souligne avec autorité qu’on peut être accessible tout en ayant une personnalité artistique bien marquée. Libérée comme jamais, elle nous mène donc de surprise en surprise jusqu’à jouer à cache-cache (les possédés “IRM” et “Voyage”), et fait s’opposer douces ballades subliment orchestrées (“In The End”, “Vanities”) et déflagrations rugueuses (“Tirck Pony”). Le tout sans manquer de déposer au passage quelques diamants noirs nés d’une évidence, de cette collaboration au départ incertaine, devenue fusionnelle (“Master’s Hands”, “Time Of The Assassins”, “Greenwich Mean Time”).

Poussé à l’extraversion par un Beck tombé à pic, Charlotte Gainsbourg laisse donc savoir à qui veut bien l’entendre que, derrière sa personnalité timide et difficile à cerner, se cache une artiste riche et affirmée qui, au fil du temps, parvient magnifiquement à s’émanciper pleinement d’un héritage flatteur mais lourd à porter. Finis les chuchotements caricaturaux, la demoiselle chante bel et bien. Certains auront droit de trouver à redire et ne pas aimer “IRM”, mais ils ne pourront plus contester l’un ou l’autre des statuts de la fille d’un Grand Serge qui doit certainement regarder en bas avec un regard embué d’une fierté débordante.

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1 Commentaire
  • Peter
    Posté à 17:44h, 03 décembre Répondre

    mmh?!

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