Broken Bells – « Broken Bells »

Broken Bells – « Broken Bells »

broken180Album
(Columbia)
08/03/2010
Pop master class

Dangermouse a eu beau se faire sa crédibilité sur la scène hip hop, il est toujours resté sensible à ce qui pouvait se passer du côté de la pop, et plus particulièrement chez les Shins de James Mercer dont il est tombé sous le charme à la sortie de « Chutes Too Narrow ». Les deux s’étaient rencontrés en 2004 lors d’un festival Danois puis, après quelques échanges de politesse, s’étaient promis de collaborer un jour. Bien occupés depuis – l’un aux manettes de Beck, Black Keys, Mark Linkous, Gorillaz et Gnarls Barkley, l’autre obnubilé par son groupe – il aura fallu attendre 2009 pour que, dans le plus grand secret, et peut être motivés par le projet Dark Night Of The Soul au sein duquel il se sont croisés, ils mettent définitivement Broken Bells sur de bons rails, histoire de casser une routine devenue trop pesante.

En effet, lassé par la production, Brian Burton aka Dangermouse souhaitait empoigner pour de bon les instruments, tandis que James Mercer, seul à la composition de The Shins, était en quête d’un alter ego pour partager l’exercice. Mais, alors que tout cela aurait pu s’éteindre dans une regrettable lutte d’égo, les deux ont réussi à trouver en Broken Bells une bouffée d’oxygène revigorante, l’occasion de conjuguer magnifiquement leurs talents respectifs. On assiste ainsi à une succession de petits plaisirs un tantinet prévisibles, mais longtemps réfléchis pour atteindre un tel degré de beauté dans la simplicité: celle à laquelle ont souvent recours les inspirations en berne, et qu’atteignent beaucoup plus rarement les génies bardés d’immédiateté, de naturel déconcertant, frappant leurs compositions d’une évidence telle qu’ils en deviennent des tubes potentiels (« The High Road », « Vaporize », « October »).

Incontestablement, à s’écouter en boucle ce premier album évènement, Broken Bells pouvait difficilement mieux marier l’efficacité rythmique et le groove imparable de l’un (« The Ghost Inside » et « The Mongrel Heart » ne sont-ils pas ce qui manque au Gorillaz de 2010?), l’art de la mélodie parfaite chez l’autre (le fleur bleue mais magnifique « Citizen »). La production léchée, les arrangements peaufinés, un perfectionnisme maladif, poussent définitivement le duo bien au-delà des attentes et de ce formatage radiophonique rendant souvent la pop aussi insipide qu’éphémère. Pas de doute, bien que parfois sucrée à outrance (« Your Head Is On Fire », « Sailing To Nowhere »), la leur, née de deux experts que rien ne rapprochait sur le papier, s’écoutera en boucle pendant encore pas mal de temps.

Disponible sur
itunes9


1 Comment
  • benoit
    Posted at 11:59h, 09 mars Répondre

    album super léché, très agréable, le seul petit reproche que je lui ferais, c’est qui lui manque sans doute deux ou trois titres qui cassent vraiment la baraque !

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